Donnez-nous Seigneur notre pain quotidien

L’alimentation a été étudiée par la Grèce antique avec beaucoup de soin. Le mot grec ‘diata’ dont est dévié notre mot ‘diète’ signifiait : conduite de la vie au sens le plus large.

Pourquoi nous mangeons? et comment nourrir les hommes? C’est un sujet très vaste et très étudié depuis la plus haute antiquité. Je mentionne le passage dans l’épopée de Gilgamesh qui témoigne de la technique de la cuisson du pain en une image faisant des sept jours de la Création une allégorie du pain :

« Utnapischtim lui dit, à lui Gilgamesh :
Debout, compte, Gilgamesh, compte tes pains !
Tu dois être informé des jours pendant lesquels tu as dormi.
Ton pain est sec, ton premier pain,
Le deuxième s’est rétracté, le troisième est encore humide,
Le quatrième devient brûlant. Ton pain grillé,
Celui qui est doré est le cinquième, la cuisson du sixième est déjà achevée,
Le septième c’est à ce moment que tu t’es réveillé. »
Les témoignages fournis par l’ancienne Egypte confirment qu’ils sont bien avant les Babyloniens les premiers à utiliser le : ‘levain’.

La panification est une étape dans l’évolution de l’humanité civilisée.

Les céréales étaient à la base de toute alimentation. D’après une statistique réalisée à Berlin en 1800, une famille consacrait 72% du budget à se nourrir dont 44% pour le pain.

La ‘Levure’ ne fût utilisée qu’au 19ème siècle en France et à Paris par un décret gouvernemental à titre d’essai et l’expérience fut couronné de succès.

Les céréales panifiables sont assez nombreuses.

La bible en mentionne quelques unes dont le ‘pain à quatre farines’ ou graines qui jusqu’à nos jours est encore élaboré dans certaines boulangeries.

Le riz était la base de l’alimentation en Chine, en Asie…

Le millet (la plus ancienne des céréales connues) était planté en Chine, Mongolie, Japon, Afrique.

Le blé était la graminée du Bassin Méditerranéen.

L’avoine la céréale de l’Europe du Nord, Germanie, France…, des pays froids et humides.

Le maïs celle du Nouveau Monde et le Mexique en particulier.

Chaque territoire possédait ses graines, ses coutumes, son histoire.

A l’origine, les graminées étaient consommées en bouillie, puis broyées, et enfin moulues. En cuisant les galettes, les hommes avaient franchi une étape importante dans l’évolution : celle ‘de la céréale au pain’.
Les variétés de blé cultivées se sont éloignées du type original : des croisements répétés ont donné des qualités bien supérieures, et actuellement avec les manipulations génétiques on arrive à obtenir 400 fois le poids de la semence ou peut-être plus.

Le blé, cet aliment solaire l’a emporté sur les autres. Il est planté partout sur la planète Bleue. L’épi plein de graines est hissé le plus haut possible absorbant toute la chaleur et la lumière solaire, prenant aussi la couleur ‘or’ du cercle de l’Astre du matin. Toutes les céréales n’offrent, pas le caractère de l’épi du blé, aérien et plein de richesses. Ses feuilles lancéolées et fines marquent une attraction de la lumière. Cette graminée a atteint la perfection dans la panification. Rien ne sert de mentionner le nombre infini de genres, d’espèces de pain, la tradition, les recettes, les secrets… On parle de pain français, libanais, italien, etc. Le pain est un aliment solaire, qui capte toute son énergie de la lumière…

Quand aux symboles et proverbes représentés par le pain et le blé, donc la farine, ils sont nombreux, je mentionne : ‘La moisson et les moissonneurs…’, le Bon Pasteur et ses brebis, le Corps du Christ Dieu, le pain quotidien, gagner son pain à la sueur de son front etc, couper le pain de l’amitié, de la paix, de l’amour etc…

L’histoire du pain et celle des hommes est si unie dans toute notre évolution qui me laisse poser la question : y a-t-il quelqu’un qui n’a jamais goûté au pain ?

Joseph Matar – Juin 2006
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