Le Douanier Khalil

1953 – Ajaltoun, à une quinzaine de km de Jounieh, à 600 m à 700 m d’altitude.

Je faisais des études dans différents ateliers – mais cela ne me rapportait aucun argent ; je devais payer le matériel et toute mon existence. Je donnais quelques leçons particulières, et me suis engagé en un lycée local où nous étions trois instituteurs ; nous nous organisons pour que l’emploi du temps soit favorable avec mes activités. Pour l’aller et le retour, le trajet n’était pas toujours assuré ; les voitures n’étaient pas toujours à temps ; quelques fois, en hiver, je descendais à pied utilisant toutes les ruelles et raccourcis; d’autres fois, la neige bloquait la route : on était cloué sur place.

Des amis qui avaient une maison pour les vacances d’été m’offrirent cette maison pour l’hiver ; elle était vide comme des centaines d’autres appartements.

C’était une ancienne maison à tuiles, isolée, dans un jardin de pommiers et de cerisiers, à un km de l’école, au centre de l’agglomération, près de l’Eglise paroissiale St. Zakhia (Nicolas) ; une maison à deux étages ; je me suis installé au premier ; c’était un pied à terre dans la montagne. J’ai rangé ma petite bibliothèque, aménagé mon studio ; j’étais bien à l’aise ; j’étais en même temps inscrit dans deux instituts : le Français et l’Italien à Beyrouth ; je pouvais m’en aller le soir à Jounieh et remonter de bon matin à la montagne.

Je me suis inséré rapidement en cet endroit ; j’étais aimé des habitants, toujours invité par de nouveaux amis, et parents d’élèves.

Face à ma résidence, se trouvait une maison inachevée, presque abandonnée, si ce n’est le coin d’un rez de chaussée où se trouvait une fenêtre éclairée qui prouvait une présence humaine. J’observais un vieux de plus de 70 ans sortir, rentrer, arroser ses fleurs, étendre du linge, allumer du charbon de bois, changer l’eau de son « Narghilé » ou verser les résidus de la cafetière sur ses plantes.

Le meilleur charbon était celui du chêne ; il (résonne) comme le cuivre, se maintient longtemps allumé ; d’autres bois sont utilisés pour le charbon tel le caroubier, l’olivier, le hêtre.

Le pin dégage une forte chaleur, mais se consume très rapidement ; il est utilisé surtout par les étameurs dont le métier exige une rapidité dans l’exécution ; à Jounieh, où pousse le gardénia, les bonnes femmes versent leur café sur son tronc, tel un engrais…

Mes impressions sur cet homme étaient contradictoires : était-il marié ? avait-il des enfants ? Venait-il ici pour certains travaux dans la maison ? Je voyais des vieux qui le fréquentaient, qui veillaient souvent chez lui.

Puis j’ai su son nom : Khalil Awad. Etait-ce un parent ? me demandais-je ? car ma grand-mère est une Awad. Le « Awad », c’est celui qui joue du « oud », instrument à cordes oriental, un peu comme la guitare espagnole. Avait-il remarqué ma présence, était-il heureux d’avoir un voisin durant ces mois d’hiver ?

Je passais souvent devant sa maison ; mais une fois, j’ai décidé de le rencontrer en passant. A peine a-t-il ouvert sa porte pour sa quotidienne besogne, que je passe ; je le salue ; il m’invite à entrer me disant : « n’es-tu pas l’instituteur ici dans le lycée de la famille telle ? Tu viens de Jounieh, ta grand-mère est une Awad, une parente éloignée etc… ».

Je me suis rendu compte qu’il s’était déjà très bien informé sur mon état. J’entre ; une cafetière était sur la cendre chaude de son réchaud à charbon. J’étais le bien venu ; il me demande pourquoi j’ai tardé à le visiter ; que sa maison est aussi la mienne… on lia ainsi amitié dès cette première rencontre.

La salle où il m’avait reçu était très désordonnée, c’était là qu’il recevait, qu’il mangeait, qu’il écrivait et lisait ; c’était son bureau ; c’est là aussi qu’il consultait, car il était médecin – guérisseur à sa manière : « un médecin arabe », certains comme on les appelle ici ; ils soignent avec des plantes et des recettes qu’ils gardent secrètes et qu’ils prétendent remonter à Avicerme ou à Hippocrate… un herboriste, enfin. Une étagère où se trouvaient des dizaines de manuscrits qu’il avait collectés un peu partout ; de plus, un tas de bocaux ; bouteilles ; sacs ; boites etc… où perduraient des plantes desséchées, de l’huile, des crèmes etc… du souffre, de l’alun, et je ne sais quoi d’autre ? …

Une petite chambre attenante, lieu propre où il dormait, une petite cuisine et sa suite. On sentait une certaine classe malgré l’apparence d’un manque, d’une simplicité, et d’une future pauvreté, comme si c’était le début d’une faillite certaine mais non déclarée encore.

– « Ma grand-mère est une Awad, lui ai-je dit.
– Je suis au courant ; une parente éloignée nous lie.. ; tu sais que tous les « Awad » du Liban sont originaires du Nord et spécialement du village de « Hasroun », ce village aux tuiles rouges, aux belles maisons faisant suite à Bechareh et aux cèdres ; tous les Awad, mon cher petit, sont issus de Hasroun, où qu’ils sont, au Sud, à Beyrouth ou à la montagne… Lui, il s’appelait Khalil.

J’ai vite remarqué que ce Khalil était une encyclopédie vivante ; ses connaissances étaient très étendues, très profondes ; il répondait calmement, tel un sage qui a bien vécu, vu, lu, expérimenté, testé etc… On ne devait pas s’ennuyer en sa compagnie ; il parlait comme un professeur enseigne, très simplement ; il avait des traits d’esprit, et ironisait quelquefois ; mais c’était sans en tirer des conséquences… on sentait que les temps, les circonstances avaient été durs envers lui ; il ne se lamentait pas ; il admettait ce que la Providence lui avait réservé… Mais malgré les apparences, et le calme de son existence, je le sentais troublé, inquiet, indécis.

Il ne m’a jamais visité. Il recevait seulement et ne rendait jamais visite ; il aimait être toujours enfermé dans son monde.

J’étais poussé par la curiosité de savoir des détails de sa vie, comment il était arrivé en ce lieu, seul, tel un ermite… Pourtant son aspect montrait que durant sa jeunesse, il devait avoir été un bel homme, sportif, élancé, fort, très présentable, très aimé par les filles.

Par hasard, et sans le vouloir, je rencontrai dans une soirée, un certain Aleppin, ancien brigadier fier, imposant, orateur, attirant l’auditoire quand il s’exprimait, très retenu. Je ne sais comment j’ai prononcé le mot « Awad » ; il m’a interrompu ; il avait un ami « Awad »…, bien renseigné et connaissant l’arbre généalogique de cette famille… il était son compagnon dans les douanes françaises au temps du Mandat et ils étaient tous les deux dans la cavalerie, surveillant la frontière Nord de la Syrie, une région s’étendant de Deir el zour, à Kamecheleh, ce qu’on nomme la Jasira. Je l’ai interrompu lui disant : « ne serait-ce pas Khalil Awad ?

– Mais oui, comment vous l’avez su ? – « c’est par intuition ? ».

L’aleppin, voyant mon intérêt sur ce sujet m’a informé sur tout ce qu’il connaissait de son « frère » Khalil avec qui il avait passé des dizaines d’années ensemble :

« Nous étions dans la même légion de cavalerie de la douane ; nous couvrions la frontière « Syrie-Turquie » ; c’était durant notre jeunesse. La région était suspecte ; beaucoup de contrebandiers faisaient passer du tabac, des armes, des munitions et un tas de produits soumis à la douane et taxés…

Dans la région de Kameschleh, Ras el Aïn, nous longions le fleuve, le Tigre jusqu’à Deir el zour. Nous dépendions de notre direction fixée à Alep à la poursuite des fuyards, des recherchés, des mandats d’arrêt etc… qui se cachaient dans cette partie désertique de la Mésopotamie.

Khalil était intransigeant ; il appliquait la loi sans peur, tenait à l’ordre, imposant le respect, toujours dynamique et courageux, infatigable, même si ses missions se passaient la nuit ; excellent tireur ; il fonçait sous les balles quand nous étions encerclés par les hors la loi ; il n’a jamais touché des « pots de vin » ; c’était un idéaliste qui se passionnait de culture, de savoir, de connaissances etc… ; il était follement admiré et aimé par les filles… Il se maria subitement, amoureux d’une gracieuse alépine ; ils s’installèrent à Alep et bénéficiait de permis de trois à quatre jours chaque deux semaines pour rentrer chez lui, et se vit muté quelquefois à la direction à Alep pour un, deux, ou trois mois dans nos missions dans cette contrée ; Khalil s’était fait beaucoup d’amis. Il s’était passionné pour la « pharmacopée » et avait lié amitié avec tous les « toubibs » et Bédouins qu’il avait rencontrés ; il avait collectionné un tas de manuscrits anciens, livres, prospective, etc… qui traitent de la « Médecine »… ; c’était sa passion. « Moi, a-t-il ajouté, j’étais passionné de tapis et j’en ai une collection… Khalil avait le sens des affaires et ne pouvait pas se faire à l’idée, de toucher un traitement à la fin du mois ; il était si ambitieux qu’il démissionna des douanes pour se lancer dans les affaires, le commerce des céréales et un tas d’autres produits et matières premières. Il s’acheta une ancienne résidence à Alep, typique, agréable, de style arabo-ottoman du XVIIIe siècle. Là, son épouse « Eva » vivait en princesse (les Aleppins utilisant trop ces noms étrangers : Regina, Eva, Suzanne,…).

Il voyageait à Mardine, Urga, Diyarbakir, et autres en Turquie où il avait des associés ; il achetait des troupeaux de moutons ; de bœufs… pour les faire transporter en train jusqu’en Tripoli au Nord Liban où associés et bergers les prenaient en charge,… ; du blé aussi : et il lui arriva d’acheter des récoltes entières, de foin, de graines qu’il transportait en train jusqu’à Beyrouth ; il fit des affaires avec la Roumanie ; son entreprise grandit ; il engagea un certain « Badre » (« la pleine lune »), un bel homme, intelligent, intrigant, bon parleur, aimant la musique et la belle vie, un viveur qui s’était rendu trop proche dans l’intimité de Khalil et d’Eva. Durant l’absence de Khalil, c’était Badre qui assumait toutes les responsabilités, entre autres d’entreprendre Eva… Elle devint sa maîtresse, Khalil, comme souvent, toujours préoccupé par ses affaires, fut le dernier à se rendre compte et à savoir… Nous étions toujours (moi, des anciens collègues, des brigadiers et administrateurs…) en bonne relation avec Khalil; on se visitait. Moi, m’assura mon interlocuteur, je sentais que Eva était fausse, une femme à problèmes, avenante et belle et qui se prêtait aux aventures…

Un soir, Khalil rentrant de Ismyr, fut reçu par les serviteurs. Eva avait disparu depuis plus de quatre jours, et, au bureau, Badre aussi s’était évaporé…

Un enlèvement !?
Ce dernier avait trafiqué des papiers, documents, passeports et tout ce qu’il faut pour se diriger en train vers Beyrouth et prendre la même nuit un bateau pour Marseille. Le coffre de Khalil avait été vidé de toutes liquidités… Eva avait emporté tout ce qu’elle avait comme bijoux et objets précieux… Le pauvre Khalil fut très triste de cette trahison.

Après un laps de temps (12 ans), on réussit à repérer la trace des fuyards à Buenos Aires en Argentine.

Le premier chapitre avec Khalil se termine là. Il fut détruit moralement, mais resta toujours noble et fier et sage, sa blessure était profonde, mais il ne voulut montrer aucune réaction.

Il décida de liquider tout ce qu’il avait si patiemment érigé dans sa vie et de rentrer au Liban définitivement.

Il avait une sœur religieuse dans un orphelinat (les orphelins et démunis étaient nombreux). Il était allé la retrouver à Ajaltoun chez les Sœurs Lazaristes de St. Vincent de Paul.

Ajaltoun était son village natal… La religieuse, Sœur Mélanie, ayant appris ses malheurs, l’aida, le remonta – « grâce à Dieu » lui disait-elle, tu n’as pas eu d’enfants qui auraient été malheureux sans leur mère. Tu dois te considérer libre de nouveau à partir d’aujourd’hui ; c’est peut-être pour ton bien ; du courage ! cher Khalil vient t’établir à Ajaltoun, achève la maison que tu as commencé, etc… Mais non – la situation était autre – Khalil savait qu’il était lié par un mariage, un contrat dans une Communauté ; à l’époque (1930-1940), le divorce n’existait pas, et un procès pouvait durer une cinquantaine d’années sans résultat, avec toutes les démarches qu’il faut faire dans les tribunaux au Liban et à Rome. Les mariages civils non plus n’existaient pas : ce n’était pas le train de nos jours : actuellement on peut se marier à Beyrouth, divorcer à Ankara ou à Nicosie, se remarier à Paris ou à Londres ou vivre en concubinage. Le mariage à la mairie et dans l’église n’a plus de sens ; même actuellement, dans le sein de l’Eglise, le divorce n’existant pas, il y a des annulations de mariages légaux ou illégaux et tout ce qui se passe dans les coulisses ; intrigues, argents, combines etc…

Khalil n’a pas regretté Eva ; il lui en voulait ; elle était si bien traitée, en princesse ; elle manquait de sentiment. Mais Khalil avait pardonné et avait oublié.

L’orphelinat à Ajaltoun est toujours actif ; c’est une grande bâtisse érigée au centre de la ville, face à St. Zakhia ; une école classique et technique où les filles apprennent les cours classiques et techniques, c’est-à-dire : travaux manuels, coutures, broderie, cuisine, pâtisserie, tissage, etc…

Khalil vivait en compagnie de sa sœur quand passa une institutrice Wardeh (« rose ») élégante et belle, qui attira son attention et il fut épris d’elle ; ce que Sœur Mélanie remarqua et ce qui la réjouit. Elle avança que Wardeh était une belle fille et serait une excellente épouse ; ses parents l’avaient placée ici à l’orphelinat après le décès de sa mère ; elle était de la région de Batroun ; elle vivait ici depuis plus de 20 ans, c’était la benjamine d’une grande famille. Khalil se demanda : ne pourrai-je pas voyager et faire ma vie avec Wardeh ailleurs ? Sœur Mélanie informa Wardeh, lui parlant des sentiments de son honnête frère, de tous ses problèmes. Sœur Mélanie proposa à Wardeh et à Khalil de faire un voyage en France, de s’y marier, et de rentrer ensuite au Liban, comme époux et épouse, une mairie en France vous mariera, pourquoi pas ?

Ils voyagèrent ensemble et dès les premiers instants, ils se sont considérés devant Dieu et Sœur Mélanie, comme époux et épouse ; ils passèrent un mois (dont deux semaines en mer l’aller et le retour ; ils s’aimèrent et furent un couple heureux).

Au Liban, Khalil s’était acheté une voiture et se dirigea à Batroun chez la famille de Wardeh (frères et sœurs, le papa était décédé) ; il se présenta comme l’époux de Wardeh, qu’ils s’étaient connus en France et qu’ils s’étaient mariés dans telle église. Wardeh possédait un grand terrain en héritage de son père…

Khalil fit construire là une maison de retraite pour les fins de semaine ; il aida les frères de Wardeh et monta un travail avec eux ; il les aimait comme ses frères, et eux aussi ; il travailla les terrains de Wardeh, de ses frères, en acheta d’autres pour Wardeh, y planta des arbres, oliviers, vignes et autres ; il aménagea un grand hameau pour élever des vaches laitières, lui qui affectionnait les bêtes domestiques.

Il planta des herbes médicinales pour ses consultations ; il voyait des malades régulièrement et bénévolement. Il passa avec Wardeh une quinzaine d’années : c’était le paradis, le bonheur, la tranquillité, le beau temps. L’entente et l’amour planaient dans leur univers. Pour toute la famille de Wardeh, Khalil était le Seigneur incarné, leur bienfaiteur, jusqu’au jour où Wardeh tomba gravement malade, et une leucémie galopante l’emporta.

Lui, Khalil, le toubib, avec tous ses secrets, recettes, manuscrits n’avait rien pu faire, les médecins non plus.

Wardeh était décédée un samedi, le jour dédié à la Sainte Vierge.
Khalil pleura longuement, il souffrit. Mais le choc fût plus meurtrier quand les frères, nièces… de Wardeh informèrent Khalil que Wardeh possédait tous ses biens, « là où tu as investi ; mais toi Khalil tu ne peux rien hériter de Wardeh, car par rapport aux autorités ecclésiastiques et administratives libanaises, tu n’es pas inscrit comme le mari légal de Wardeh. Tu dois disparaitre de notre vie à jamais ; tu emporteras seulement tes affaires personnelles, habits, manuscrits etc…

Khalil n’ignorait pas les lois en vigueur ; il dut plier bagage et obéir. Toute sa fortune fut presque lapidée ; il ne possédait que cette construction inachevée à Ajaltoun ; il n’avait plus de ressources, il dut se serrer la ceinture. Comme dans tous les moments difficiles de sa vie, il vint voir Sœur Mélanie, qui elle aussi avait vieilli ; elle demanda au jardinier d’aménager une place dans sa maison pour un ou deux mois où Khalil avait été reçu ; elle demanda à l’entrepreneur de l’orphelinat qui s’occupait des restaurations et du maintien de l’école de mettre son équipe d’ouvriers à achever un ensemble fonctionnel chez Khalil.

L’entreprise fut achevée en moins de trois semaines ; Khalil déménagea et organisa une vie adéquate avec ses pauvres moyens ; il n’avait plus de revenu ; il s’endettait auprès de ces créanciers qui étaient en permanence chez lui, lui proposant leurs services afin de mettre la main sur sa belle propriété.

Je sentais que Khalil vivait dans la gêne, mais avec fierté ! lui qui avait traversé les moments les plus fastes dans sa vie ; ses livres anciens ne lui serviraient à rien en ces temps, comme la bibliothèque de Don Quichotte qui la jeta dans les flammes… J’ai dû quitter bientôt le lycée de la ville, mais chaque fois où je passais, je me dirigeais pour saluer Khalil lui apportant toujours un cadeau symbolique : bouteille, boite de gâteaux, Longines ou autres.

Retour de Madrid en 1964, je suis passé à Ajaltoun ; je n’ai pas reconnu la maison de mon vieil ami ; il y avait à la place, un grand centre, une trentaine d’appartements, plusieurs étages, un super Market, coiffeur, etc…

De Khalil aussi je n’ai plus rien su. Passant dans le couvent de la Croix à Jel el Dib, pour visiter et recommander une amie atteinte d’une dépression, je vois au fond d’un couloir quelqu’un qui me dévorait des yeux, assis sur une chaise roulante qui balbutiait, ne savait pas s’exprimer. Je m’approche de lui ; Je le fixe ; il a les larmes aux yeux ; je l’embrasse ; c’était Khalil, atteint d’hémiplégie, vieux, mourant ; les braves religieuses s’occupaient de lui. Quand les créanciers ont mis sa résidence aux enchères, l’argent qui restait a été donné aux religieuses afin qu’elles s’occupent de Khalil pour la fin de sa vie.

Pauvre Khalil ! quelle fin pour cet être merveilleux, ambitieux, charitable, courageux, héroïque, qui n’avait jamais perdu sa foi en Dieu ; ainsi va la vie !

Joseph Matar
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