Le Prophète était là…

Protégé par l’ombre du Dieu de l’amitié, retiré, le front accueillant, le regard rassurant. Ses yeux ont du cosmos toute sa profondeur. L’intelligence, et une expression de grandeur se manifestent dans le moindre détail.

L’attitude sereine de Moïse en face du Créateur, ou d’Isaïe ou de Platon…

Il est là méditant.

Il pense Dieu et l’existence où débuta cette merveilleuse aventure humaine de la création du monde à son point culminant : l’apparition du Christ dans ce monde, le Golgotha et la résurrection jusqu’à nos jours, il voit défiler les titans, dont quelques uns lui paraissent dignes d’être cités : Socrate et Platon, Euclide et Thalès, Pythagore et Saint Paul, Michel Ange et Raphaël, Dante, Beethoven et Mozart, Shakespeare et Delacroix et Pasteur et Einstein… et … lui même bien sûr.

Peu nombreuses oui, les hautes sommités de la race humaine, monuments de l’esprit, de la science et de l’art de l’histoire.
Il est lui même lumière étincelante parmi les lumières… ses dimensions spirituelles l’élèvent jusqu’aux sphères les plus hautes…

Créateur, en dialogue avec son Créateur. Il est terrestre oui, mais aussi je le vois surhumain.
Il est là, assis déjà dans l’éternité… il est marchand de gloire…

Tribun, théologien, poète, historien, artiste pur, libre, audacieux… Il sait jouer des adjectifs, les accueillir ou les refuser quand il s’agit du saint des saints pour lui, le Liban; sa terre sacrée, que le Christ et la Bible ont consacrée.

Un maître, il enseigna la grandeur et l’amour du Liban, la justice, le vrai et la fraternité…

Il est l’un des astres de cette grande civilisation et entreprise de l’esprit humain : la “Phenico-européenne” où se détache et brille étincelante la figure de la Vierge d’ “Illige” nous offrant son Enfant.

Il est là, assis en ce Liban de six mille ans, déroulant ses civilisations, ses arts, ses héros, ses saints… ces bâtisseurs de l’existence…

Magicien du verbe, chercheur dans le laboratoire de la pensée, théologien ne séparant jamais le Christ Dieu de la Vierge Marie…

Fils des Cèdres du Liban, Saïd Akl fils du Sannine et de l’Hermon, un géant au feu poétique et parfums colorés, aux sons ensorcelants, et rythmes harmonieux, ses poèmes sont prières et force d’âme… ses visions religieuses et sa droiture indéfectible! Grand libanais, hautement digne de ce grand nom, âme ouverte et chaude, désirant toujours connaître, apprendre, servir, et aimer.

Fils du Soleil et de El…

Les astres et les étoiles à portée de sa main il les cueille comme un enfant innocent cueille d’un pommier des étoiles d’or, de toutes couleurs…

A travers le visible de tous les jours, c’est l’image de la divinité invisible qu’il explore…

Homme simple… et exigeant… en matière de patriotisme il ne marchande pas.

Il n’a jamais connu les compromis… en matière de religion, Dieu pour lui est bien connu : Il a vécu parmi nous il y a deux mille ans. Le Christ est le Dieu de l’amour… Ecce Homo… comme Ecce Libanus.

J’ai connu Saïd Akl depuis près de cinquante ans… un demi siècle de gloire, de grandeur et d’ascension culturelle.

En reformant cette matière de communication qu’est cette «langue»… il savait qu’il reformait la pensée, cette autre matière presque vierge et intacte dans notre monde moyen oriental…

Humaniste… et grand cœur, moine en adoration dans le cloître de la pensée, il prêche dans de hauts sermons en dignité d’accès aux libertés. Les libertés au dehors et les libertés intérieures, ces dernières ne pouvant atteindre que lorsqu’on est extérieurement libre…

Toutes formes d’expression artistique, politique, culturelle et religieuse sont liées à la liberté intérieure… ce qu’a fait de l’Europe un grand foyer des civilisations: des nations libres abritant des hommes libres.

La liberté, bien commun… comme le patriotisme sous toutes ses formes… liberté individuelle et collective à la fois libre d’atteindre les plus hauts sommets de la science, de la sainteté, de l’art.

Dans son école où souffle le vent de la liberté, Saïd Akl a opté courageusement pour les grands foyers de la civilisation : Athènes, Rome, Florence, Paris… qui sont toutes filles de Tyr, Sidon, Byblos et Ugarit.

Son esprit les a assimilés et en a fait surtout une synthèse spirituelle, culturelle, patriotique à la fois. Inspirée par El…, le Christ, Platon et Saint Paul…

Saïd Akl figure inépuisable dont je tente par amour de cerner le contour… je voudrais, par ces mots, humbles mots, éveiller une idée de sa haute valeur et du renom mérité qui lui est reconnu.

Joseph Matar
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