Vocation

Une vocation veut dire appel comme d’un au-delà, une faveur venue du ciel.. Comme une graine qui tombe dans la bonne terre, c’est une voix intérieure que des élus seuls peuvent entendre…

Tous ces « porteurs et porteuses d’habit » ne sont pas nécessairement au départ des appelés par vocation : ils ont pu être attirés par une certaine vie, de retraite, d’isolement, de non responsabilité ou de fuir l’existence de tous les jours…

Je ne doute pas qu’ils viennent cependant de découvrir le sens de leur foi, de leur profonde chrétienté, de leur attachement à l’Eglise.. ou après une déception, un choc, sentimental, une défaite ou désespoir etc… ou quelquefois un recrutement comme dans les casernes: un ramassis d’un peu partout qui en cours des études, les fait déserter les uns après les autres… et sur deux ou trois promotions ou plus, il ne reste souvent qu’un « homme de Dieu » à peine. Il y a des hauts et des bas, il y a des âges d’or et des âges de décadence : après chaque guerre, les « vocations » augmentent, les couvents sont parfois débordés pour ces jeunes que l’on a appelés au nom du Seigneur (Mathieu 22/8-18). Parmi ces choisis, il y a eu de très grands saints ; je ne dispute pas, j’analyse seulement certaines situations.

Durant les derniers évènements en 1975, on rencontrait un grand nombre d’illuminés, pieds nus, portant un habit de jute, cheveux non coupés, trop sales, des chapelets sur la ceinture, au cou une croix, aux mains un tas de colifichets.. je leur ai toujours manifesté du respect.

Les filles ne pouvant pas errer, dans les rues, portant des saris déchirés ou raccommodés, se réfugieront dans beaucoup d’ordres créés pour l’occasion, ordres ou sectes : les uns étaient protégés par l’archevêché, d’autres je ne sais par qui. Une certaine Zahra (fleur) venait d’un petit bourg du nord d’une famille nombreuse ; ses parents avaient décidé de la placer dans un orphelinat ; pourtant elle n’était pas orpheline, le père emplâtreur, ouvrier très habile, travaillait dans un couvent des Sœurs, religieuses, Lazaristes de St. Vincent de Paul ; il était serviable, très communicatif, excellent travailleur.

Les religieuses le trouvèrent honnête, aimable ; voulant l’aider pour ses bons services, elles lui demandèrent des informations sur sa famille ; voyant qu’il avait plus de huit enfants, elles lui proposèrent d’amener « Zahra » la benjamine à l’école chez elles ; elle sera interne et sera prise à la charge de l’école et des associations humanitaires (Caritas, affaires sociales etc…)
Zahra était une belle petite fille, toute vie et animosité, intelligente, même brillante, jolie, obéissante, saisissant vite, charmante…, elle partait durant les vacances, Noël, Pâques, etc… passer quelques jours chez elle à la maison parmi ses autres frères et sœurs…

Les religieuses trouvaient que le nom Zahra rimait mal (c’était aussi le nom donné à des chèvres, vaches, brebis..).

Elles l’appelèrent « Florence » nom dérivé de fleur.

En grandissant Florence devenait de plus en plus belle, même provocante ; sa chevelure en queue de cheval relevait son profil divin.

Durant les vacances quand elle était chez elle, elle devenait « l’objet d’intérêts » des voisins ; on ne parlait que d’elle ; « d’où cette ange » avait-elle été parachutée, de quel ciel ?

Elle était consciente de sa grande beauté, de son charme, de l’impact qu’elle provoquait dans son milieu.

Les religieuses ne lui avaient jamais proposé d’être des leurs ; elle avait toute sa liberté; d’ailleurs, elle n’avait jamais ressenti une vocation, un besoin d’être dans les Ordres…

Jusqu’à maintenant, tout allait bien. Florence parvenait aux classes terminales, broderie, couture, cuisine, pâtisserie, etc… elle avait déjà un métier en main.

Arrive de France où il faisait ses études, le fils du propriétaire de la maison, âgé de vingt trois ans, « Béchara ».

A la vue de Florence, il fut follement épris d’elle; sa vue l’avait ensorcelé, lui le richissime enfant d’une famille qui se croyait bien vue, bien placée. Une aventure fougueuse allait-il mener avec la fille d’un pauvre ouvrier qui était presque un domestique chez eux ?

Il s’est rapproché de Florence, lui déclarant son amour, son attachement lui proposant d’en faire sa future épouse, de l’amener en France où il terminerait un diplôme en génie-civil, etc…

que de promesses !.. Florence était toujours méfiante, surtout que la sœur de Béchara la dédaignait etc… Elle entendit le père de Béchara dire à son fils « Va t’amuser un peu avec la voisine »…

Au fond Béchara n’était pas sérieux, mais il était amoureux de la petite, profondément.

On appelle chez nous « Béchara », « Béchir » les enfants qui naissaient le 25 mars, le jour de « l’Annonciation » et la fille « Bochra » le féminin du mot.

Septembre arrive vite, Béchara refuse de retourner en France ; il désire s’inscrire à l’U.S.J pour terminer ses études ; ce que le père refuse et ce sont les discussions, le malentendu entre le père et le fils et la sœur etc… et aussi les pauvres voisins à tel point que le père de Béchara décida de mettre à la porte toute la famille de « Zahra »…

Que s’était-il passé entre « Zahra » et « Béchara » ? l’aurait-il embrassée ? oui c’est sûr; l’avait-il séduite ? quelles étaient leurs relations ? je n’en sais rien. Ce qui est certain c’est que Béchara dût s’incliner devant les décisions paternelles, repartir en France, se marier deux ans après, coupant ainsi toutes relations avec « Zahra ».

Florence, qui parvenait à sa première année universitaire se sentit terrassée, révoltée, meurtrie, surmenée, … même dépressive. Elle décida de retourner chez les religieuses, non comme élève mais d’être des leurs, faire leurs vœux, porter leur habit… ce qui parait une vocation de dépit !

Elle dut faire le noviciat, s’initier à la vie ecclésiastique et communautaire; une période importante avant de faire les vœux. Si l’on a vocation vraie c’est un libre choix, rien n’est obligatoire ici ; la décision sera prise en nos profondeurs, en notre « ego »… c’est un acte d’amour, le plus grand qu’on puisse imaginer ; aimer et s’unir au Christ tel l’amour de Saint Jean de la Croix ce grand poète et mystique, de Saint François d’Assise, des saintes Thérèse, de nos saints libanais etc… et de Saint Vincent de Paul le fondateur et Saint Patron de l’ordre des Sœurs qu’elle avait connues.

Elle faisait des sacrifices, elle jeûnait tous les jours, passait des heures entières agenouillée devant le Saint Sacrement, cet unique lien qui nous lie au Seigneur après deux mille ans de Christianisme.

Florence devenait le modèle exemplaire, on avait rarement vu une religieuse pareille.

Elle fit ses premiers vœux ; et voulant aussi continuer ses études universitaires, la Supérieure décida de l’envoyer deux ans en Italie à Palerme pour ses études et noviciat.

Dans ses habits de religieuse elle paraissait une déesse… une sculpture drapée par Phidias, une splendeur. Elle parlait plusieurs langues; déjà en Italie, elle voulut suivre des études médicales pour les soins d’urgences, elle fit en vue de cela un stage aussi.

Après l’Italie, elle passa huit mois à Barcelone, puis en train se rendit à Paris et y passa presque deux ans.

Elle se connaissait en toutes les disciplines des soins, plaies, sutures, fractures, animation, respiration, injections, régime, diététique etc.. pédiatrie physiothérapie, salles d’opérations… et toutes les disciplines.

Elle assumait à elle seule, toutes les activités d’un hôpital; elle se connaissait aussi en économie, en finances, comment bien gérer une entreprise ; on ne pouvait jamais la duper, sa présence déjà suffisait à «écraser » ses interlocuteurs; elle ne tergiversait pas; elle dictait des ordres, infaillible, autoritaire etc…

De retour au Liban, elle fut nommée pour diriger le noviciat. Entourée par les jeunes qui lui vouaient respect et crainte, oui, elle était sévère, même dure ; de telle sorte que trois jeunes aspirantes du noviciat durent quitter, voyant que sur ce rythme elles ne pourront pas continuer.

Florence avait un style, une manière de gérer, de s’exprimer, d’ordonner…

Avant la fin de l’année elle avait reçu quatre volontaires, de vraies vocations.

Dans un rayon de sa bibliothèque, elle avait (en arabe et en français) l’histoire de Hyndieh au temps du Patriarche Hobeiche cette religieuse qui sema des discussions, des polémiques, dans la communauté, des accusations… etc… etc… jusqu’à l’intervention du Vatican au 18ème siècle…

Je vous raconte là une histoire qui s’était déroulée il y a plus de cinq ans comment ai-je pu avoir d’inédites informations ? Mon épouse était hospitalisée à l’hôpital Saint Georges des Grecs-orthodoxes; elle recevait les visites d’amies… moi qui ai enseigné à beaucoup de religieuses des sessions cycles de recyclages etc… un travail bénévole; plusieurs religieuses venaient dans la salle des soins intensifs, priaient etc…

Arrive Georgette C. accompagnée par une religieuse vêtue en civil.

Devant la performance, le perfectionnisme, l’excellence de tous les soins, les chambres, les services etc… Georgette fit une réflexion ; d’aller voir comme les services étaient démunis, de l’hôpital X : on ne trouvait pas un savon dans une chambre; bien sûr, après le vol des 5 millions ou plus de dollars emportés par la Supérieure ; ils avaient de sérieuses difficultés. La religieuse fît taire Georgette ; mais déjà l’étincelle avait électrisé mon imagination ; j’entrepris de m’entretenir plus d’une fois avec la religieuse pour avoir le maximum d’informations; c’est elle qui me dit qu’elle avait été très proche de Sœur Florence, du même ordre.

Elle me raconte que cette affaire était close, qu’on avait ordonné de ne plus en parler ; oui, nous avons été en difficulté dans l’équipement de notre hôpital, dans sa direction, mais nous sommes capables de surmonter le déficit, et de nous réinstaller dans le « jeu » hospitalier.

Elle m’assure de l’intimité et de l’amitié qui l’avait liée à sœur Florence ; « Je me permettais d’entrer dans sa cellule comme si j’étais chez moi ».

Sa chambre « humait » le parfum en permanence; plusieurs fois j’ai surpris Florence en déshabillé ou presque nue devant un miroir grandeur nature ; elle se maquillait à sa manière ; ses sous-vêtements luxueux et signés, comme si elle était une vedette qui se préparait à une sortie ou à un bal.

C’étaient ses moments de détente; elle était à l’aise là, beaucoup plus qu’elle ne l’était à l’église. Elle m’avoua qu’une grande déception l’avait amenée dans ce couvent, qu’elle ne pouvait jamais pardonner à ceux qui l’avaient blessée: « tu sais je ne suis pas le Christ », disait-elle.

J’aime me venger ; je garde rancune à ce Béchara qui a abusé de moi, à son père, à toute leur famille ; tu sais, je suis comme ces chiites qui célèbrent Karbala et qui ne pardonnent pas à Mouawyah d’avoir tué Ali, Hassan, Houssein. Le Christ du haut de sa croix, lui, a pardonné, moi, ce n’est pas mon cas…

« C’est vrai, Jésus a dit, d’après Saint Luc 23/24 « Père pardonne leur : ils ne savent pas ce qu’ils font ».

Du même, son disciple Saint Etienne, dans les Actes 7/60 dit à Dieu en mourant sous les pierres de sa lapidation : « Seigneur, ne leur en veux pas ! » moi, ce n’est pas mon cas, ajoutait sœur Florence ; Je ne comprends pas que la faute de ces gens-là, ne soit pas punie dès ici-bas ! Ils ont de l’argent, ils s’amusaient, ils trompaient les gens, les méprisaient et auraient tout pour eux et pour leurs victimes ? Rien je ne supporte pas cela.

D’ailleurs, on voit bien que Dieu a vengé la mort de son fils en envoyant l’armée de Titus ravager la ville de Jérusalem en l’an 70, quarante ans plus tard, mais sûrement ! Marc 12 /19.
Eh bien, moi je me venge : ces gens là m’ont méprisée parce que nous étions pauvres et domestiques chez eux. Je leur montre par ma réussite que je suis mieux qu’eux etc…

Des diplômes, des qualifications qu’ils n’ont pas obtenus, malgré leur rang social et leurs richesses… oui ma vocation chez les Sœurs est une revanche et un mépris… Je l’assume. « J’étais inquiète, pour elle. Elle était toute belle, bien proportionnée, tout en elle était harmonieux, ses yeux ensorcelants, son corps vibrait de beauté, de vie ; ses couleurs, ses cheveux, sa marche ;… était-ce une star, une déesse, ou une religieuse ? et qui a dit qu’une religieuse ne pouvait être séduisante et belle ? J’avais trop de soucis et me demandais si Sœur Florence allait persister dans l’ordre ». Bizarre qu’elle y fût ; mais elle était capable de taire ses émotions, ses réactions…

Elle en voulait à qui ? Je n’ai vraiment pas pu savoir au début ; plus tard, j’ai soupçonné un ancien amour, fracassé, échoué, avec un jeune ingénieur, voisin de jeunesse : un certain Béchara ; elle en voulait à lui, à son père, à toute la famille Béchara et à leurs semblables, elle avait vraiment le cœur dur d’une femme qui cache ses besoins de vengeance.

Elle me mit, ou plutôt elle effleura mon oreille avec l’un de ses parfums qui me fit sursauter.

Moawiyah se retirant du champ de bataille vaincu, envoya à Ali le Khalife un message disant « qu’il lui enverrait une armée entière qui aurait des cœurs de femmes ».

Ali n’avait pas compris l’idée de Moawiyah. Il voulait expérimenter « les cœurs de femmes ».

Il appela alors son premier vizir, lui disant: « va; tue ta femme et je te donnerai ma sœur pour épouse, tu seras l’époux de la sœur de l’Emir des croyants » ; ce dernier accepta l’offre et lui promit de lui apporter la tête de son épouse le lendemain. La nuit, il prit son épée, il vit que ses deux fils, tout petits dormaient sur les bras de leur mère, il s’est dit alors, « comment pourrais-je priver ces deux enfants de leur tendre mère, je ne lui trancherai pas la tête, il rengaina l’épée, et le lendemain il informa le khalife Ali : « C’est dur ce que vous m’avez demandé, je ne pourrai jamais tuer une mère et priver ses enfants de son amour.

Passa un ou deux mois, Ali envoya chercher l’épouse du vizir directement, et lui annonça : « Tu trancheras la tête de ton époux et tu épouseras mon frère ; tu seras la plus rapprochée de l’Emir des croyants ». Le lendemain elle lui amena dans un sac la tête de son époux le vizir…

Ali comprit l’idée de son rival et il prenait garde : une femme peut aller plus loin qu’un homme quand cela lui prend.

Cher Joseph, tout semble avoir évolué, mais les sentiments sont toujours restés les mêmes ; Sœur Florence avait le cœur entêté, sans pitié et c’est pour cela qu’elle avait réussi dans tous les postes qu’elle avait occupés.

La brave religieuse m’informa de tant de choses que j’ai pu visiter la maison paternelle de Sœur Florence, j’ai connu ses frères, ses parents de loin ; ils ne sont plus dans le besoin, quelques uns d’entre eux ont émigré en Australie. Tout a changé, tout a évolué sauf le cœur de Florence qui quand elle était seule avec elle-même devenait cette tigresse, agressive, ne pardonnant jamais.

Elle vivait une dualité ; elle était deux ; l’une qui dirige à merveille les affaires et l’autre qui s’éveille le soir et ne dort plus les nuits ; elle a voulu détruire cette prison où elle était enfermée. Avait-elle eu vraiment la vocation ? Etait-elle sincère en ses actes ? regrettait-t-elle la belle vie, elle, si belle, si animée, si gracieuse, si provocatrice ? en son intérieur c’était une lutte en permanence entre elle-même, ses « moi » qui la déchirait; elle passait des moments difficiles.

Or, à l’hôpital, il y avait un médecin qui était un parent très rapproché d’elle, et un autre médecin qui la trouvait belle et la comprenait ; et qui était tenté par le diable.

Ce médecin était charmant, beau, bon parleur ; ce qui fait que Florence s’est trop approchée de lui et le nomma avec son parent dans le comité qui gère l’hôpital; car c’est elle qui de sa présence imposait ses vouloirs…

N’empêche ; avoir deux personnes qui la soutiennent aveuglément, c’est toujours mieux.

Jésus avait bien dit : « tu adoreras ton Dieu et pas les billets verts qui appartiennent à César », mais la tentation était devenue très forte : elle qui avait maintenant entre ses mains des millions.
Elle était devenue amoureuse de son homme, ce médecin play-boy ; mais elle était très honnête ; elle refusait de « salir », de déshonorer son habit ; elle était pourtant follement amoureuse, à en mourir, ce qui est permis à tout être, même s’il est religieux.

Que pourra-t-elle faire ? abandonner l’ordre et ses vœux et refaire sa vie ailleurs, ce qui est permis à tout religieux après les conciles et les ouvertures ; Dieu ne veut personne sans conviction. Elle préfèra défroquer et renter dans la vie mondaine et dépendre de son médecin, dans un autre milieu, elle qui rêvait de la « richesse », d’être à l’aise, de gaspiller etc…

Dans les coffres de l’hôpital, elle pouvait disposer de quelques millions de dollars. Deux signatures suffisaient pour retirer l’argent dont elle avait besoin et le gérer à sa manière.

Elle avait tout. Il fallait la décision seulement. Les hautes autorités dans son ordre lui accordaient pleine confiance.

Que dire de Sainte Thérèse de Lisieux ? de Bernadette à Lourdes ? de tous les saints et saintes du Liban ? et que faire avec cette rancune, sa fausse vocation ? le mal qui la torturait, ses nuits blanches etc…

Comment accepterait-elle d’être dévoilée et ce que diront les gens ? elle qui était la rigueur même, l’exigence, elle qui gérait tout à merveille ?

Les conférences et causeries qu’elle exigeait chaque semaine des médecins ? ses ambitions ? L’amour du public envers elle ? comment résister aux charmes du Docteur Pierre ? Comment pouvoir sortir de cette crise ? cette lutte intérieure qui lui rongeait le cœur ?… Et ma nouvelle amie de continuer son récit: « Un beau matin, Sœur Florence a disparu; on a cru qu’elle avait été voir ses parents, sans laisser des ordres, des notes, des directives…

Le second jour, Sœur Florence qui sillonnait tous les coins de son hôpital n’était plus là ; on ne la voyait pas, son téléphone ne répondait pas, son portatif non plus ?

Que s’était-il passé ?

Dr. Pierre s’était absenté aussi ; mais on n’avait remarqué cela que plus tard ; l’autre médecin aussi, le parent de Florence, avait également disparu; « J’ai commencé à douter », ajouta mon interlocutrice – que s’était-il passé ?

Le troisième jour, les hautes autorités sont intervenues ; la Supérieure générale, les administratrices en entrant dans la cellule de Florence ont découvert qu’il y avait eu un départ, un déménagement. Des réunions d’urgences ont eu lieu, on a informé secrètement les Services de Sécurité … mais c’est la banque qui a déclaré qu’il y avait eu un retrait d’une grande somme, les uns disent quelques millions ; d’autres sont allés jusqu’à dix millions.

Tout est devenu clair ; Florence avait fui avec les deux médecins, ne laissant aucune trace, emportant avec elle cette somme fabuleuse qui était destinée à l’équipement et gérance de l’hôpital. Comment ? faux passeports ? faux documents ? mais le coup avait été bien préparé, chronométré : un vendredi, le samedi, dimanche fin de semaine, le lundi était une fête chômée etc…
Les autorités religieuses ont refusé de porter plainte et de poursuivre en justice Florence, leur Sœur si aimée et les deux médecins aussi.

« C’est Dieu qui rendra justice » a dit la Supérieure. C’est Dieu qui donne, nous pardonnons ». J’ai su que plusieurs donateurs et hommes de Dieu ont aidé les religieuses.

Ma narratrice a poursuivi : « Si tu désires savoir plus de choses, tu n’as qu’à contacter Mme Alice qui est de retour d’Australie et que les circonstances ont fait qu’elles se sont rencontrées.
J’ai supplié la religieuse de m’accompagner à Batroun le jour qu’elle voudrait. Cela a été fait. Nous sonnons et nous entrons sans rendez-vous. En voyant la religieuse, Alice est intervenue disant : « je sais pourquoi cette visite ; des nouvelles de Sœur Florence » ?

Ils nous ont bien reçus . En résumé, Alice nous raconta que des rumeurs entouraient ce trio qui s’est installé à « Newcastle » non loin de Sidney « où je vis avec ma famille. Ce trio n’était pas le bienvenu ».

Les deux médecins ont trouvé certaines difficultés avant de rejoindre un grand hôpital à Newcastle.

Après leur troisième année, les malheurs ont commencé à s’abattre sur eux. Dr. Pierre a fait un terrible accident ; aucun espoir de survivre; à ses funérailles, il n’y avait personne, ou très peu de gens ; son épouse Florence vit maintenant dépressive et handicapée ; elle revit d’autres problèmes entre elle-même et ses égos, puisse-t-elle les résoudre… ? Le médecin, son parent, a disparu voyageant vers l’Ouest ; on n’a jamais plus eu de ses nouvelles ; Florence réside dans une maison de repos toujours seule et isolée. Que prépare le Seigneur à Florence ?

Sûrement elle peut se repentir et obtenir le pardon de Jésus pour le préjudice porté à l’hôpital spolié par elle. Elle peut redevenir comme l’enfant de la grotte. Trouvera-t-elle une âme charitable qui exorcisera sa dépendance morale et la réconciliation avec elle-même et la vie ? et lui fera retrouver le chemin de la charité ?

Joseph Matar
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