L’ Hebdo Magazine – N’2264 du 30 Mars 2001

Joseph Matar – De ses pinceaux naît la lumière

La Villa Susock a présenté ce mois-ci les dernières oeuvres du peintre Joseph Matar. Un lieu édénique pour des tableaux débordants de lumière, où les lieux et les personnages se confondent en une symphonie pastorale. Une exposition ravissante…

Joseph Matar, c’est avant tout un personnage. Un peintre, mais aussi un poète qui est aussi à l’aise avec les mots qu’avec ses pinceaux. Ses tableaux se déchiffrent comme des poèmes, et ses poèmes se lisent comme des tableaux. Depuis toujours, il peint la lumière lui qui ne supporte pas de rester au soleil. Il décline sur ses toiles celle que diffuse l’astre solaire et celle qui émane de certains hommes. Car pour cet artiste débordant de vie, la peinture, «c’est des touches qu’il faut sentir et des couleurs qu’il faut vivre».

L’exposition de cette semaine présente 42 toiles divisées en thèmes qui se mêlent et s’entremêlent. Il y a tout d’abord la Voie lactée : Un ensemble où tourbillonnent des corps de femmes pour rejoindre l’essence originelle, ce lait maternel qui jalonne la vie humaine. Un cercle cosmique, aussi, qui rappelle l’expansion de la création. Mais il y a aussi, très proches, les groupes, débordants de chaleur humaine. Des hommes, des femmes et des enfants (seuls dotés d’yeux , les adultes étant toujours peints aveugles), se tenant debout, pèlerins d’amour et d’esprit . Puis viennent les paysages. Des maisons traditionnelles libanaises maculées d’un blanc rendu sacré par le soleil, toujours présent. Des lieux originels où la lumière réfléchit un printemps éternel. Et des champs en pleine moisson où le blé devient aliment solaire et pain quotidien. Peints dans le cadre de ces thèmes, mais aussi souvent seuls, les arbres sont rendus dans des mouvements extraordinaires de formes et de couleurs. L’amandier, rosé, l’olivier majestueux, et le caroubier, arbre du Liban par excellence, rappellent l’artiste. Joseph Matar tisse à travers ses toiles des tourbillons de lumière, métaphore des sentiments intérieurs de l’artiste. Et glisse également, chaque fois qu’il le peut la présence de la mer, cette baie de Jounié qui l’a vu naître. L’exposition n’est pas seulement un hommage au sacré. C’est aussi un superbe hymne à la lumière méditerranéenne.

Sarah Briand