L’Orient le Jour – Mardi 15 October 2016

EXPOSITION

La galerie Exode présente les récents travaux du peintre libanais qui, après soixante ans d’une carrière foisonnante, ne semble toujours pas disposé à abandonner ses pinceaux.
Quentin BEAUREPAIRE – 15/10/2016

Grand voyageur, formé aux quatre coins du monde et par les meilleurs maîtres (Omar Onsi, Georges Corm, Rachid Wehbé), Joseph Matar a encore bien des choses à nous dire, apprendre, montrer. La preuve avec cette altruiste exposition (20% de la somme collectée sur les ventes seront reversés au Children’s Cancer Center of Lebanon) en trois volets.

Études et recherches
Si elles ne sont «qu’une vingtaine» présentées dans l’exposition, petits panneaux de bois traité, les études tiennent une place primordiale au sein de l’œuvre de Joseph Matar.
Afin que chaque œuvre ait une poésie qui lui est propre, une authenticité qui lui donnera la force d’exister en soi, un travail de recherches et d’essais sera nécessaire en amont. Et pour cela et pour chaque tableau, des dizaines (voire une centaine) d’études seront réalisées par cet infatigable travailleur. «Comprendre, c’est essayer», en citant le peintre Raphaël, et il est visiblement toujours temps d’apprendre. Jeune octogénaire, Mr Joseph semble toujours désireux d’apprendre et surtout de créer.
Car l’art mérite d’être entier, dans une tentative d’absolue, fusse-t-elle vaine, aussi bien parce que cela fera partie de l’héritage des générations futures, mais aussi parce que c’est, en soi, le meilleur témoignage de la créativité humaine, du génie humain.

Identité de l’âme

Masses humaines, grandes transhumances et migrations, thèmes chers à l’artiste. L’énergie des corps en mouvement dans l’espace, la force des esprits unis vers un objectif commun, une terre d’accueil, sur cette Terre qui pourtant, par définition, nous appartient à tous, membres de la même tribu, mais qui est trop souvent l’objet de spéculations nocives. Si elles semblent particulièrement d’actualité, les migrations ont toujours existé, les contextes sont différents, mais pas les motivations, ni les qualités mises en œuvres – volonté, endurance, résilience – pour cette quête d’idéal.

Versions lumineuses
Ces tableaux ne traitent pas de la lumière solaire ou de l’éclairage, en tout cas pas que… Il s’agit de la lumière de l’âme, de notre propre perception du monde, sachant que le paysage n’existe pas en soi, qu’il existe à travers nous, car «le paysage, c’est la nature vue à travers une âme». C’est nous, passants, randonneurs, spectateurs, artistes qui y associons des émotions, faisant de ce panorama un paysage.
Or si ce monde semble avancer en accéléré, être en constante mutation, l’amour et les sentiments n’ont, eux, pas changé depuis la nuit des temps, faisant de l’art un objet intemporel.

Le talent n’attend certes pas le nombre des années, mais elles ne semblent pas l’altérer non plus. Passionnant passionné enthousiaste, indéfectible optimiste, chaque parcelle de son être est encore dédiée à son œuvre. Il est souvent préférable de ne pas mélanger l’artiste et son œuvre, mais Joseph Matar est son œuvre et il est difficile de ne pas aimer Mr Joseph.

Jusqu’au lundi 17 octobre pour (re)découvrir le travail de Joseph Matar à la galerie Exode, rue Accaoui, Achrafieh