Beyrouth, la Fée martyrisée

Soudain, un tourbillon de feux et de flammes gronda dans un ciel serein
Ce mardi, le quatrième jour d’Août, se sont exprimés les cœurs d’Airain.
Est-ce un champignon atomique ? Ou de Vulcain l’âtre quotidien ?
Le spectacle était apocalyptique, impitoyable, écrasant, géhennien.
L’explosion avait des dimensions cosmiques, le souffle presque nucléaire.
A l’Est de la Méditerranée, au-dessus d’un port paisible et millénaire.
Une colonne de flamme explose sous un champignon blanc ombrageux
Pour noircir, tirant aux rouges faisant frémir les êtres les plus courageux
Un tremblement destructeur, ravageur au souffle terrifiant
Effaçant sur son passage toute trace de civilisation, tuant, pétrifiant
En un instant tout fut réduit en néant semant la mort, la destruction.
Est-ce vrai ce qu’on voit ? Ou c’est un mirage, un effet d’illusion ?
Le paysage fut transformé, en un champ de bataille… des débris, des ruines
Les hangars brûlés, les dépôts dévastés, des décombres, d’édifices et d’usines…
Sommes-nous aux Enfers ? À l’intérieur d’une nébuleuse ?
Ou sur cette côte féérique, céleste, pittoresque et généreuse ?

C’était un mardi à dix-huit heures quelques minutes.
La quatrième journée d’Août

Ce port millénaire, Porte de l’Orient, de l’Asie, ouverture
Vers l’Occident, vers la connaissance, vers le demain, la culture
Ce port est celui de Beyrouth, Béryte, la capitale, ville côtière
Adossée au Mont Liban, souveraine, majestueuse et altière
Ville Phénicienne, Cananéenne où passèrent plusieurs nations
Grecs, Romains, Arabes, Croisades et d’autres civilisations.

Beyrouth, reine de toutes les cités, étoile polaire
Fleur paradisiaque, goutte de rosée matinale, émissaire,
Des poètes, artistes, penseurs, savants, héros, chercheurs,
Universités, boulevards, avenues, ruelles, hippodromes, restaurateurs,
Beyrouth Panthéon céleste sur cette terre et voilà
Saint Georges, Saint Elie, Saint Joseph … Notre-Dame, Saint Nicolas.
Ce n’est que des noms de rues par des saints patronnées
Place des martyrs, de l’armée, du musée, de la Vierge couronnée
Beyrouth ma ville tant aimée, te visiter était un grand événement
Je m’accrochais à la jupe de ma mère de crainte d’un enlèvement.
Tes rues, tes places, ton marché bouillonnant de gens de foules multiples.
Les cris, les marchandises, … vendre les produits était la cible.
Adolescent, avec mes copains tu étais un champ de nouveauté.
On s’arrêtait devant les affiches, les cinémas, les publicités.
Jeune, Beyrouth prenait le profil sérieux d’une capitale.
Les épreuves, les examens, les concours, Beyrouth était l’axe centrale
Et jeune, … les rendez-vous, les spectacles, le chic c’était toi Beyrouth
Tu étais cet autre moi… à l’école, dans les stades, le sport, les routes
Beyrouth ma ville chérie, capitale du Mont Liban, des cèdres immortels
Phare et fer de lance de tout cet Orient lumineux, éternel
Foyer de la culture, des arts, des lettres, de la renaissance, des talentueux.
Tes facultés, tes législateurs, tes magistrats, tes créatures, tes dieux.
Dépassant ceux d’Alexandrie, d’Athènes, et même de Rome la métropole,
Beyrouth comme Athènes avait son virtuel Acropole.
Beyrouth ta blessure est si profonde, si pénible ta douleur
Tu affrontes à la fois la misère, la souffrance, les lâchetés et les malheurs.
Beyrouth tu es puissante, héroïque, courageuse et tant aimée
Les héroïques libanais se sont jetés sur toi pour t’animer
Toutes les nations de la planète se sont pour ta gloire organisées
Pour t’arracher de ce gouffre, de cette souffrance aiguisée
Beyrouth, perle unique, poème lyrique, généreuse hospitalité
Tes enfants ont fait preuve, se sacrifiant devant tes difficultés.
En l’an 552 AD, Beyrouth fut victime d’un séisme terrifiant
Temples Romains, Facultés, Résidences, Forums, un spectacle désolant
En plus d’un Tsunami, elle fut presque effacée détruite en totalité
Pour renaître de ses cendres et reconquérir son charme et sa beauté
Et la presse, tribune des penseurs libres où se forment les dirigeants.
Dans tout l’ancien monde : L’Afrique, l’Asie, une partie de l’Europe où les gens
Ne connaissent ni liberté ni démocratie, mais l’oppression des supers-Etats
Qui imposent de force et par tous les moyens, l’oppression, leur dictat.
Seul le Liban jouit de ce libre don, un droit humain élémentaire
Liberté, égalité, justice, fraternité, entraide et approche salutaire
Liban, patrie et nation ne ressemblent à aucune autre dans l’existence
On ne peut ressembler à Dieu l’Unique, le Créateur, la Toute puissance.
Oh Liban et Mont Liban la liberté est contagieuse, l’amour aussi
J’ai visité toute notre planète, j’en ai fait l’autopsie
Nulle part en notre galaxie ne ressemble à notre merveilleuse planète
Nul lieu en cette planète ne peut égaler le Liban, même pas une silhouette
A-t-on vu une nation en ce siècle donner tant de corrompus, de pervertis, de malsains
Et élever sur les autels de Dieu un si grand nombre de glorieux Saints ?
Dont les échos se répandent sur les quatre coins des continents
En plus des milliers de fidèles qui viennent au Liban, un fait étonnant
Les croyants font leurs vœux, prient et visitent les monastères
Demandant aux saintes et aux saints des faveurs utilitaires
Beyrouth, mon égérie, te chanter, t’aimer, t’adorer tu es une fée discrète
Te demander pardon pour tout le tort qu’on a causé à ton amitié secrète
Te promettre un avenir meilleur ? Oui, certaine est ta résurrection
Une ville comme toi est un être animé, tout en toi est vie et action
Tu respires, ta circulation sanguine est saine, ton cœur bat parfaitement
Tu resurgiras de tes décombres, c’est ton sort, ton testament
Et que dire des agents, traitres, lâches, les comploteurs
Qui tissent nuits et jours leurs sataniques plans de terreur
Je leur résume : lire Victor Hugo – Caïn ‘La conscience’
« L’œil était dans la tombe et regardait Caïn ». Patience.

Joseph Matar