The Redeemer in the Sky of Gaza

Le Rédempteur dans le Ciel de Gaza

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Dans ma carrière de peintre, ou professeur d’université ou dans ma vie familiale et mes relations j’ai été toujours engagé. Quelquefois la neutralité était un engagement.

Dans le choix de mes thèmes aussi – les thèmes s’imposent avant que j’y pense: un tsunami, un tremblement de terre et ce qui s’ensuit, un fait extraordinaire, un acte universel, un grand événement au niveau humain. Mes émotions, mon opinion face aux événements nationaux sociaux, religieux… mes états d’âmes, mes visions, mon humanisme, font de moi un être vraiment humain sur cette planète Terre. Je veux dire si l’événement se déroule aux Indes, en Irlande, en Europe ou ailleurs, ses répercussions se déroulent en mon âme et je me sens engagé à prendre une position et être près de mes frères humains quelles que soit leurs couleurs, religions ou nationalités. Tous les problèmes ici-bas peuvent être réglés dans l’amour et la compréhension: l’Abbé Pierre, Gandhi, Mère Theresa, etc…en sont des exemples.

Une guerre qui s’enflamme n’importe où s’enflamme aussi en mon âme, et ses répercussions me bouleversent, retentissent en moi, me paralysent et souvent je me sens obligerd’exprimer mes sensations et la flamme qui me brûle se traduit en poème picturale, plastique ; cela pour satisfaire mes besoins d’accomplir cet acte créateur et prendre une forme matérielle qu’on peut aimer ou non, critiquer, accepter, juger. C’est un cri de l’artiste comme tout autre poème.

L’œuvre d’art parle, crie, s’adresse au spectateur. Sa mission est une mission d’amour, d’entraide, de compréhension humaine, cela n’est pas étranger dans mes œuvres. Je suis obstiné dans mon travail, je reprends l’œuvre des dizaines de fois pour arriver à un point que je juge satisfaisant – ici je rentre dans le thème actuel que je cisèle avec  amour depuis presque trois mois et je n’ai jamais craint de reprendre le travail, d’effacer et d’attaquer l’œuvre à nouveau.

Une guerre, non loin du Liban, à Gaza, une guerre meurtrière, sans respect ni pitié, ce n’est plus une guerre mais un massacre. Massacres d’enfants, de civils, une vengeance aveugle tuant tout ce qui vit, pilonnant les constructions, labourant la terre… Au lieu de cette guerre on auraitpu négocier, sans ruiner tout un pays et tuer des milliers de gens et faire vivre au reste de la planète une crise mondiale.

Dès que les hostilités ont commencé, j’avais devant moi des centaines de feuilles où je notais, réalisant des croquis, des compositions pour une prochaine peinture traitant les événements actuels après un long travail très dur, des nuits blanches. J’ai débuté ma peinture par étapes, tout en pensant à la structure de ma composition, ce que j’ai vu à la télévision et dans la presse m’a été très utile comme documents.

Ici c’est l’acte créateur qui est en jeu, des documents s’entassaient devant moi, ils ne sont qu’une partie de l’œuvre. Un document doit être senti, vécu, lui donnant un maximum d’expression.

La recherche est sérieuse et nécessaire, mais ce n’est pas tout, viendra l’instant où l’artiste assimilera tout l’ensemble en son âme et en fera une œuvre équilibrée, construite, solide, poétique qui crie, qui parle, qui enflamme l’émotion, œuvre riche et expressive… Atteindre la poésie c’est la création par excellence.

Puisque je parle de Gaza, restons-y, c’est Gaza et tous les événements qui s’y sont déroulés: bombardements, massacres, tueries d’enfants, famine, peur, misère, souffrance… héroïsme, courage, sacrifices, secours aussi.

J’ai débuté par trois pentagones (figure géométrique de 5 cotés).C’était la première structure de l’œuvre où se déroule le drame, la tragédie, le massacre, le génocide, la destruction totale sur une grande toile 162.5×114 cm où le fond est semé de ruines. Sur ce fond, un amas d’êtres humains sont “jetés, versés pèle mêle”, au centre un espace vide, un trou cosmique où apparaît le “Sauveur du Monde”, le Christ, Sauveur de l’humanité entière.

La fraternité est un devoir envers autrui. Le Christ est là présent devant l’injustice subie par ses créatures. Je suis heureux d’exécuter de pareilles œuvres car elles supposent beaucoup d’amour, de volonté, de capacité dans ce jeu de créativité.

L’œuvre est créée par l’artiste, c’est l’acte créateur qui me passionne et qui est ma mission.

À plusieurs reprises je reprenais certains ensembles dont je jugeais qu’ils manquaient de solidités, d’expressions, c’est le côté difficile dans la réalisation d’une œuvre. L’Art est très difficile à celui qui sait, ce n’est pas un passe-temps, un film cinématographique, ou une promenade… l’artiste doit avoir un certain niveau de culture, lire les grands maîtres est absolument nécessaire, Rembrandt, Vermeer, Michel-Ange, Léonard, Delacroix, Ingres etc…

Je ne n’imaginais pas que peindre la “destruction” était si difficile par ce qu’elle n’a aucune norme.

Les êtres humains jetés en poignées sur ce fond de ruines, sur cette terre patriotique qui est la leur, terre de leurs aïeux, de leur patrimoine… On voit quelques troncs d’arbres calcinés, un ou deux oliviers encore verts, et dans la partie supérieure de la toile, des immeubles intactes et une plage qui fait suite à la côte Libanaise, Sidon, Tyr et où on voit l’horizon. Cela fait penser que la reconstruction commencera un jour.

L’espoir fait partie de l’œuvre, la vie reprendra et la présence du Christ dans un ciel enflammé augmente notre espoir dans la délivrance.

Joseph Matar