Marie la Madeleine – Sainte du Liban
Depuis toujours m’a fasciné l’image de Madeleine.
L’Evangile à dessein plusieurs fois dit sa grandeur souveraine.
Si plus de deux mille ans de silence, elle et moi nous séparent.
Cette séparation nous rapproche et en elle je m’égare…
Soixante générations : un clin d’œil éphémère…
Je la vois, je la sens … élégante, fragrante, princière,
Si, sa mère était juive, son père était phénicien
et elle d’Israël, son frère est des ressuscités le plus ancien.
Sa beauté, depuis le matin de la création, jamais ne fut dépassée,
Ni par Sémiramis, Cléopâtre, Aphrodite, Hélène et toutes entassées.
Le jour de sa naissance, la terre et le cosmos entier,
Célébrèrent une fastueuse fête à l’amour dédiée
De partout, les arcs-en-ciel brillaient, les fleurs… et les couleurs
Et les lumières s’évanouissaient d’ivresse dans tous les cœurs…
L’univers entier à genoux se prosterna en admiration
Devant la planète bleue, l’espace où avait eu lieu l’Incarnation
La musique vibrait émanant des chants sereins
Et les roses, les jasmins, les aromes, les tulipes, les romarins
Les chants des muses, les fées, … l’émouvante poésie
Régnaient en permanence… de l’enthousiasme à une calme frénésie
… et les humains célébraient leurs harmonieuses danses
Les oiseaux du ciel, toute la faune et toute l’existence
S’éveillaient pour accueillir la naissance de Madeleine
Belle, suave, douce, pure, … l’héroïne et future reine.
Du château de son père : le ‘Magdelon’, elle fut l’héritière
Pour elle, toutes les richesses de la terre étaient passagères
Son unique souhait fut d’avoir un jour un enfant
Mais un dessein divin… en voulut autrement
Satan en fit sa proie et lui et sept démons
Comme dit l’Evangile, parlant de sa prostitution
Pour son luxe et sa fragrance, un individuel parfumeur
Lui créait des fleurs du Liban, les plus agréables senteurs
Une existence fastueuse en apparence, mais dans l’âme
Un vide, un gouffre effrayant qui dévore et qui trame
Avec tous les Satans des enfers et de la terre
Lancés, détruisant la merveille dans une infernale guerre,
En ces jours-là, non loin du Liban, entre Jérusalem et Béthanie
L’orchestre céleste émit de féeriques symphonies
La belle, la gracieuse, la toute sensuelle Madeleine
Aux seins fleuris, au cou aérien, aux cheveux d’ébène
Le corps, svelte, l’allure angélique, le beau visage
Le regard profond, les yeux qui aux humains deviennent un message,
La bouche, les lèvres, ce fut l’aurore qui s’annonce
Un printemps d’amour, une éternelle floraison qui commence
Le rythme, les pas, les gestes et tous les mouvements
Le timbre ensorcelant de sa voix… un merveilleux enchantement
Du Liban, toutes les essences fines pour sa fragrance
Sélectionnées, triées, distillées… en abondance
Elle était l’objet d’amour, des plaisirs… des dieux la favorite
Elle était la châtelaine de Magdelon, la Phénicienne Israélite
Dans le pays de Canaan et dans la Phénicie entière
On se mettait à genoux devant sa présence plénière
Jamais beauté ne fut aussi adorée et sollicitée
Ni égalée… en la présence de son ombre les cœurs palpitaient
Jusqu’au jour où d éclatantes et éblouissantes lumières
Envahirent tout son être et en firent un temple de prières
… et un jour de lumières, Madeleine revint et fit sa découverte
Elle rencontra la Vérité, sauvant son âme de sa cruelle perte.
Elle vit Dieu dans le Messie Nazaréen, et l’Incarné Libérateur
Elle se jeta à ses pieds, pleurant à genoux devant son Créateur.
Marie-Madeleine est enfin née – une nouvelle naissance
Comme dans un Baptême… une chrétienne existence
Parfums et larmes, et à genoux, elle lava les pieds de Dieu
A genoux, à terre, elle embrassa les pieds radieux
Et de sa longue, belle et féerique chevelure
Les essuya, les sécha, les étreignit sans mesure
Elle vient de découvrir de l’amour ses mystères
Aimer autrement, l’amour sacrifice et non adultère
Quel heureux sort tu as Madeleine d’approcher le Seigneur
Ce Fils si chéri, le Fils de Marie, aussi le Libérateur
Je cherche par tous mes moyens, moi dernier des pêcheurs
De revivre tes sacrées émotions, ta joie, tes pleurs
Je t’envie Sainte Madeleine, sublime en amour et héroïque
Ton âme s’est unie au Messie, quel acte féerique
Le repentir, dans la chrétienté est amour et sacrifice
Le pardon est fraternel, ce n’est ni humiliation ni supplice
Et Jésus pardonna… et Madeleine cette fleur de pureté
Plus belle encore qu’elle ne l’était : belle et ointe par la chasteté
Elle vécut, exista pour cet Autrui divin et Céleste
Elle abandonna tout, oubliant d’être, acte modeste
Elle suivit la lumière qui guidera le monde
Amoureuse de lumière, l’amour mystique l’inonde
Je te cherche à mon tour dans les fleurs, les rayons du soleil
Et les quatre saisons et même la cinquième, incarnate, vermeille,
dans les saisons de mon âme où somnole Madeleine,
Tu me brises le cœur, te voir sidère mon haleine
Je te vois dans la brise fraîche et matinale
Je te vois dans les tempêtes orageuses infernales
Je te trouve partout, à la lisière du temps dans les vallées profondes
Dans l’air que je respire, dans la musique et celle de chaque onde
Tu es dans l’existence ce que le sang est à la vie
Tu es cette dynamique circulation qui rajeunit et ravit
Madeleine accompagna le Seigneur jusqu’à sa résurrection
Elle et Marie sa mère s’unirent à la Nouvelle avec passion
Madeleine passionnée et toute belle enveloppée par tant de lumière
Là-bas, au sud du Liban, le long de la bande côtière
En cet Orient de rêve, terre des saints et des prophètes
Tyr et Sidon, Jérusalem et Galilée et Nazareth
Villes et villages et le long des sentiers
Tous les coins gardent d’elle un souvenir altier
Même avant les apôtres elle est la première convertie,
Suivre son Divin Maître avec amour et sympathie
On la voit partout où se trouve le Maître de la Création
Le suivant pas à pas dans ses états d’extase et d’émotion
On la voit chez Simon, elle était à Cana… au temple
Et le jour de la multiplication du pain parmi le peuple
Elle a vu Lazare sortir d’entre les morts… ressuscité
Les aveugles-nés voyant, mettant fin à leur cécité
Les paralytiques marchant, le Baptême… les malades guéris
Elle écouta les paraboles, et de la foule l’enthousiasme et les cris
La pêche miraculeuse… l’apaisement des tempêtes
Et sur l’eau, debout… majestueusement, sa silhouette
vainquit et maîtrisa de la nature les éléments
Un seul obstacle lui résistait, ému par ses frémissements:
Le cœur de Madeleine une forteresse d’amour, de bonheur
Inébranlable et obstinée, innocente et toute candeur
Le jour des Rameaux, elle était là, suivant son ombre
Dans sa gloire et sa passion elle était du nombre
Lui, Il jeuna… dans le jardin des oliviers
Elle, se mortifia, sacrifia tout son être pour être déifiée.
Lui, ne succomba devant Satan aux tentations
Elle, pour son amour elle s’enflamma dans la méditation
La souffrance, la pénitence étaient son pain quotidien
Elle sentait approcher le grand jour du Galiléen
L’événement majeur que l’existence n’a jamais connu
Ne tardera pas. La Sainte Semaine et ses contenus
L’injuste jugement du Maître et sa prochaine condamnation
Révolteront Madeleine… toute franchise et compassion
Elle le suivait portant sa Sainte et lourde Croix
Marie sa mère, Véronique, Madeleine et tous ceux qui croient
Et les disciples… l’un trahit, l’autre nie, ou persécutés
S’effacent de la scène … et Madeleine et les femmes attestées
Devant le crucifié… aussi forte qu’une altesse,
Lui dit qu’elle ne l’abandonnera pas, c’était sa promesse.
Je suis là lui dit-elle, et jusqu’à la fin des temps je t’aimerai
Aidant Marie, Jean, Véronique devant le supplice de l’Adoré
Et pleine de dynamisme, d’ardeur… de courage
Elle rassembla les douze autour d’elle animant leur message
C’est vrai, elle fut l’apôtre des apôtres
Cet être féminin, si gracieuse, … que j’adore
Elle voulait embaumer le corps du Messie, Pur et Sacré
Accompagnée par des femmes collègues toutes considérées
L’Histoire raconte que vide était la tombe
Et que des lumières jaillissaient telles des colombes
Rentrant de sa mission, dans le jardin toute affolée
Croyant que par les pharisiens le corps avait été volé
Utopie, traversant le jardin, elle vit de blanc habillé
Un homme duquel toutes les lumières scintillaient
… et du timbre de sa voix sereine
L’appela par son nom : Marie ! … Madeleine
Voulant étreindre ses pieds, toucher sa tunique
« Ne me retiens pas lui dit-Il, mon être est lumineux et mystique »
Elle fut la première à qui Il apparut après sa Résurrection
Elle courut annoncer aux apôtres leur nouvelle mission
Et durant les quarante jours de fastes, de joie, d’émotions
Depuis Pâques être avec le Ressuscité jusqu’à l’Ascension
Elle le vit s’élevant majestueux dans les nuées.
Un peu triste, entourée des apôtres… la vie doit continuer
Ils sont quelques chrétiens, cent vingt, c’est peu mais bénite levure,
Ferment vivant appelé à cicatriser des âmes les brûlures
Et voilà plus de deux mille ans l’universelle chrétienté
Est devenue mondiale, rayonnante et flambeau de la Vérité.
Dans les quatre directions les apôtres se dirigent
Baptisant, prêchant, guérissant … toute une civilisation s’érige
Et Madeleine, partie de la Terre Sainte vers une autre en France
Se dirige et prêche avec courage et sans négligence
Elle y vécut plus de trente ans, d’action et de méditation
Entourée par une troupe d’anges venus du Paradis sa vraie Nation
Quotidiennement nourrie par un repas céleste, sa nourriture éternelle
Et rejoindre sa grotte et vivre d’extases spirituelles…
Etre de lumière et transparente, poème et note musicale,
Madeleine, tu es ce chant étincellent et matinal
Tu es ce poème qui n’a ni commencement ni fin
Comme le Créateur que tu aimes entouré de Séraphins
Madeleine, tu es la palette que je presse contre mon cœur
Tu es toutes les couleurs de l’univers enchanteur
Madeleine aux formes pures… belle et élégante
Une prière, un rêve de nuit d’été, une flamme brûlante
Madeleine en tes yeux, les reflets d’une profondeur spectaculaire
En tes cheveux les richesses de l’or crépusculaire
Les planètes, les astres, les lunes… retiennent leur haleine
Jaloux de la terre d’avoir porté en son sein la reine Madeleine
Madeleine que j’aime et que je chéris, pour moi tu es un idéal
En dévouement, beauté et grâce, et charme tu es égale
Je te trouve partout, dans tous les coins de ma conscience
dans les gouttes de rosée, et toutes les floraisons de l’existence
Dans le frémissement de la brise, dans l’étendue des horizons
Dans les ondes miroitantes du Jourdain, à travers les saisons
Dans mes rêves je te vois Madeleine, suave ravissante
Inondée de lumière, émue, et dans l’extase souriante
Je t’aime Madeleine comme je ne l’ai jamais fait
Un amour mystère, un amour humain fraternel, parfait
A genoux je t’implore et t’offre ma folie, … et tout mon cœur
Souviens-toi de moi, le jour où je viendrai en face du Seigneur.
Joseph Matar – 2007 – Tous droits réservés