Dans le sous-sol de la Sûreté

Elles avançaient par groupes, lentement,
Quatre à cinq pour l’événement
Leur expression triste, les yeux larmoyants
Leur marche lourde, et leur pas hésitants
Elles avançaient, les menottes aux poings :
A l’ère des libertés, l’esclavage les rejoint
L’injustice, la souffrance, la servitude
Le déshonneur,… et tout ce qui rend la vie rude
La situation n’est pas à envier : c’est une dictature.
Dans ce sous-sol, la justice se fait sur mesure
Au lieu de défiler dans un palace et élire d’entre elles
Une reine de beauté, élégante et toute belle.
Loin de là, c’est un bunker sous terre
Obscur, aménagé en abri par temps de guerre.
Là sont enfermés des innocents et des coupables
Mélange d’ethnies, de nationalités, d’irresponsables.
Elles sont là enfermées, menottées comme dans une étable.
Le plus souvent sans avoir commis d’erreurs
Ni de délit, ni de fautes, ni d’agressions majeures
Il serait plus correct d’enfermer à leur place leurs patrons
Qui ont failli dans leur engagement et action
J’ai passé de longues journées sous terre accompagnant
Un pauvre diable d’ouvrier, brave et ignorant
Lui, il avait passé plus d’une semaine dans cette cage
Il ne saura jamais le pourquoi ni le conflit qui l’engage.
Des paperasses, des fonctionnaires rodés par la routine et usés
Pas d’initiatives ni d’originalité ni de formules osées
C’est le loup et l’agneau, ‘rien ne sert de protester’
Les décisions sont d’avances prises, et d’avance dictées
Pauvre citoyen, tu vis au Liban ton purgatoire
On ne peut rien te faire ; même t’oublier est obligatoire

Joseph Matar
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