L’ingénieur ou l’histoire d’une amitié

C’était au début des années soixante dix, un peu avant l’éclatement des tristes évènements qui ont ébranlé notre pays.
Je désirai ouvrir un passage sous forme de pont, d’intérêt public qui servirait aussi la petite propriété que j’avais à Jounieh.

Je pensais qu’un projet pareil devait être réalisé aux frais de l’Etat. Je m’étais donc adressé au ministère des Travaux Publics.

Je vais à Chyah, à l’ouest de Beyrouth où se trouvaient les locaux du ministère. Je veux m’adresser au directeur général ayant en main un dossier bien préparé. Pour ma chance, le directeur était absent ; une autre personne adjointe me reçoit dans son bureau où des tables d’architectures, des plans, des tas de documents, d’archives, etc… emplissaient le lieu. Il avait en mains tout le ministère, et il était le vrai responsable. Le ministère entier, était, sa famille, ses enfants, son bien etc… sa propriété…

Il me demande quelle aide il pourrait m’offrir ? je lui présente mon dossier. Il m’a chaleureusement reçu ; il était enthousiasmé ; il avait entendu parler de moi, ou peut être avait-il vu quelqu’une de mes œuvres …

L’ambiance était des plus sérieuse, je l’observais ; plein de vie ; ses yeux d’une grande franchise, ses sourcils épais et caractéristiques, son front ouvert… un peu sévère mais doux et bon, ses idées claires, chaque phrase, chaque mot, chaque geste avaient leur portée. Il me résuma très efficacement ce qu’il fallait entreprendre, quelles étaient les démarches à suivre.

Une personne nerveuse, correcte et droite : telles furent là, mes premières impressions. Je quittai le ministère et rentrai à Jounieh ma ville bien aimée.

Puis le temps continua son cours : les jours passèrent toujours de plus en plus chargés.

Les activités, les travaux, mes voyages en France, les expositions à réaliser un peu partout dans le monde…
La vie devint infernale et difficile avec l’éclatement des évènements de 1975. Je dus construire alors un petit pied à terre à Eddé Byblos : à peine deux chambres pour abriter les enfants et une partie de mon œuvre…

et … une nuit néfaste, un obus vint s’écraser sur notre grande maison historique de Jounieh plus précisément sur la fenêtre de ma chambre au dessus de mon lit, vers minuit, alors que je venais de la quitter à 11h 45 vu l’intensité des obus qui tombaient sans intervalle… j’ai toujours pensé que la sainte Vierge m’avait sauvé…

La vie a poursuivi son cours, et nous nous sommes accoutumés à la situation. Je descendais régulièrement à Jounieh, venant de Eddé, pour avoir des nouvelles de mon frère, de mes voisins, de la maison etc…

Et, un jour, la voisine de me dire que deux personnes étaient passées à Jounieh demandant de mes nouvelles. Elle leur avait donné mes coordonnées à Eddé.

Un ou deux mois plus tard, voilà que deux personnes se pointent à Eddé avec leur chauffeur. C’était à ma grande surprise M. Boutros Germani, le directeur des Travaux Publics et son frère Louis. Je ne l’attendais vraiment pas et je l’avais presque oublié.

M. Boutros me rappela ma visite dans son bureau il y avait de cela quelques années…

Nous avons visité ensemble la région ce jour là et vers les 17h, une coupure d’éléctricité eut lieu ; on n’était pas encore équipés de générateurs privés ; on ne put donc visiter l’atelier et voir les peintures qu’à la lueur d’une bougie, ou lampe, dans l’obscurité…

On se donna rendez-vous pour plus tard. Boutros était d’une grande sensibilité il appréciait la valeur du temps. Il n’aimait pas déranger les gens, il ne bavardait pas ; il était très émotif ; la moindre histoire touchait son cœur si humain. Je ne m’étais jamais imaginé que ce Boutros serait un jour prochain l’un de mes meilleurs amis et que notre rencontre avait été dictée par la Providence. Ce fut un vrai évènement dans le courant de mon existence. Je ne pouvais imaginer qu’on se rencontrerait par la suite deux ou trois fois par semaine.

Entre temps, j’avais pu savoir que Boutros, était un connaisseur d’une finesse à envier dans le domaine des Beaux Arts, et qu’il était collectionneur d’œuvres d’art dans la mesure de ses moyens. Malgré le poste qu’il occupait, un haut poste, où des millions circulent comme un fleuve abondant…. Boutros était pauvre, je veux dire qu’il n’avait que son pain quotidien, gagné honnêtement et proprement, jamais il n’avait été tenté par l’argent et la fausse richesse. Il rendait à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu.

Personne ne pouvait le tenter, ni l’acheter, même avec toutes les richesses du monde, et les chèques gonflés de la tentation.

Le bien public appartenait aux citoyens, il ne le dilapidait pas. Tout était ordonné et clair dans sa vie et ses relations. Il imposa son respect du plus grand au plus petit. Le métal jaune c’est à Faust qu’il le laissait.

La propreté, l’audace et la liberté formaient une entité dans sa vie.

Il vivait avec sa très pieuse, noble et sainte maman ; il était un bon fils, mais aussi un bon père ; l’aîné de ses frères et sœurs ; après le décès de leur père c’est lui qui prit toute la famille à sa charge ; neveu du curé de la paroisse de son village natale Bzebdine, il menait une vie de moine dans ce cloître qu’était sa famille et qui s’étendait à quelques amis. J’en étais modestement un.

Sa vie était programmée : le matin, c’est ‘Elias’ son conducteur qui arrivait accomplissant certaines tâches et commissions et achats, bref celui là était un garçon très serviable et Boutros l’aimait comme un petit frère. Il conduisait Boutros au ministère et l’accompagnait toute la journée ; ses journées étaient très chargées : rencontres, rendez-vous, études, inspections, projets, budgets, exécutions de travaux, visites des chantiers… et surtout les plaintes et les demandes des citoyens… sans compter un tas d’invitations auxquelles il devait répondre : expositions, conférences, concerts, séminaires, dîners, voyages etc…

Les personnes qui ne le connaissaient pas de près croyaient qu’il était peu expansif, réservé, silencieux etc… mais ceux qu’il l’ont connu de près, ont découvert en lui les traits d’esprit, la finesse, la souplesse dans l’expression, le sourire, l’être vivant, humain, communicatif, agréable et intéressant ; un homme de grande culture ; il lisait, cherchait, et raisonnait sainement, il savait analyser etc…

Je disais plus haut que nous nous étions donné rendez-vous à Eddé et ce fut fait. Voilà qu’une après-midi, tôt, arrivent Boutros, Louis et Elias. Je les invite tout de suite dans mon atelier de peintures pour qu’ils voient quelques unes de mes toiles. Je l’observais : ses réflexions, ses opinions, son vocabulaire sur les techniques picturales, ses émotions ; il vivait avec l’œuvre regardée, son âme si sensible, tel un enfant innocent, toute son expression se lisait sur la figure. Il ne tergiversait pas, son coup d’œil ne le trompait pas ; il jugeait juste et savait exprimer ses choix. Nous avons ainsi passé plus d’une heure à voir, discuter, dialoguer. Il voulut voir aussi certaines œuvres d’Omar Onsi qu’il estimait et aimait. Il y mettait le temps, et savait profiter de chaque minute.

Ils me quittèrent à la tombée de la nuit et me laissèrent leurs adresses et téléphones. Une ou deux semaines s’écoulent, je me décidai d’aller visiter Boutros à Jal el Dib. Il m’avait dit qu’il était matinal ce qui convenait à ma programmation à moi qui commence mes tournées d’affaires à Beyrouth à partir de 6h.

Je quitte Eddé d’habitude à 5h, et les activités, se succèdent à la chaîne sans interruption : visites, librairies, Est, Ouest, amis, achats, universités, télé…

Je débarque chez Boutros vers 6h 30 il était déjà habillé et se préparait pour partir à son ministère : lui, le Directeur général se devait de respecter l’horaire et être avant les fonctionnaires à son poste. Nous avons pu quelques moments bavarder, discuter, raconter des tas de choses. Par la suite je passai le voir aussi au ministère où il me recevait à bras ouverts, et il appelait ses adjoints pour leur annoncer la nouvelle de ma présence : « Vous avez devant vous un grand artiste et ami » leur disait-il et que d’éloges!

Il craignait me déranger car le temps pour lui était précieux et il respectait le temps d’autrui. « Mais vous, vous êtes chez vous » me disait-il.

Notre amitié, si nouvelle, mais déjà ancienne et enracinée à la fois s’affermit, nos âmes sœurs s’étaient cherchées dans cette existence et s’étaient rencontrées pour durer éternellement.

Entre nous, il n’y eut plus ni protocole ni contraintes. Je connus bientôt toute sa chère famille, Le très regretté Kaïssar (César)… et la brillante et combative Marie-Louise et son époux Raymond, Naef, et Aïda et leurs enfants : ils avaient tous cette bonté qui caractérise leur famille.

Louisa, quand elle passait au Liban, m’invitait à déjeuner en famille. Boutros s’intéressait à toute mon œuvre, à ce que je peignais, à ce que j’écrivais… il me présenta plusieurs de ses amis collectionneurs ; parmi eux ‘Khawaja’ Edmond, oui Edmond Hayek que Boutros aimait, respectait et admirait. Il m’avait dit : « je viendrai tel jour chez toi avec un Monsieur, autrement dit, un ami de classe et d’université, un privilège pour toi ». et voilà qu’il arrive avec son intime ami aux moustaches bien dessinées… un ancien collègue, depuis l’Ecole Supérieure d’Ingénieurs de Beyrouth…

Toutes les personnes que j’ai connues par son intermédiaire étaient très classe et très distinguées, aimables, bons, etc…
Tous les trois, nous nous rencontrions souvent, le même courant de pensée nous liait et nos réactions évoluaient sur les mêmes longueurs d’ondes.

On m’appelait à Eddé m’annonçant : Monsieur Boutros est là, j’abandonnais tout pour venir à sa rencontre. Je tenais à savoir ses opinions à propos des œuvres que je réalisais, mes enfants l’aimaient, William surtout tenait à avoir ses conseils dans le domaine de l’Internet et du marketing etc…

Il aimait beaucoup sa chère maman il la respectait, prenait soin d’elle, c’était sa vie. Pour le rendre heureux je proposai de lui réaliser un portrait de sa maman, il accepta l’idée de tout son cœur, et le portrait fut réalisé.

Nous vivions les évènements comme tous les Libanais de toutes les communautés et souvent fois nous avions nos réactions contre ou pour telle déclaration, ou fait, ou prise de position.

Il m’avait un jour demandé une peinture qu’il voulait offrir à l’un des ‘ténors’ en politique et chef de milices et leader ; ce dernier était ministre alors, lui demandant peu après si le cadeau à ce chef lui avait été offert ? il me répondit « vu ses prises de position, son extrémisme, ses attitudes… je refuse de le visiter et de lui offrir le moindre présent ».

Ses idées pour le Liban, terre et hommes, étaient sacro-saintes. Le patriotisme, le nationalisme ne se négocient pas, ce sont des valeurs identiques à l’amour, à l’amitié : elles sont vraies ou elles ne le sont pas.

De temps à autre, il me montrait aussi des peintures qu’il avait acquises quelque part. l’analyse et l’expertise duraient des jours, surtout quand la signature n’était pas claire, ou n’y était pas. « Cette œuvre, la fille tenant un tambourin est de Habib Srour ; le dessin, la couleur, la patine, la conception, l’expression, la technique… » etc. il avait le flair ; il n’aimait pas rester dans le doute. « Cette autre est à Onsi ; elle est traitée avec capacité et un souffle poétique… cette autre, je ne sais de qui ; mais je l’ai aimée ; elle est solide, bien composée, aux couleurs agréables… quant à ces deux autres, je sais qu’elles ne valent rien. Mais l’artiste est jeune ; il vient de rentrer d’un voyage d’études ; je trouve nécessaire de l’encourager ; il a encore un long chemin à faire…

Les œuvres qu’il collectionnait chez lui étaient toutes d’artistes libanais. D’autres œuvres d’artistes qui se sont lancés dans l’abstrait, et les mixtes médias etc… pourquoi pas ? il épiait toutes les publication des galeries d’Amérique et d’Occident… il avait une riche bibliothèque en livres d’art, gazettes et revues… il suivait le mouvement artistique international, « cette toile, je l’ai acquise parceque j’ai dévoilé tes touches » me disait-il, c’était une nature morte de l’un de mes élèves…

Rachid Wehbé, l’artiste peintre et ami à la fin de sa vie, était très malade et souvent hospitalisé. Monsieur Edmond, Boutros et moi, nous avons été dans l’atelier du Maître et mes deux amis ont choisi quelques œuvres, les plus belles. Rachid est décédé, son épouse avait beaucoup de difficultés, il lui envoya un jour une aide symbolique en souvenir de Rachid.

Boutros avait manqué sa vie d’artiste et de créateur ; sa formation dans le génie civil ne lui avait pas laissé le temps de se consacrer à son hobby préféré, sa passion. Une sculpture de Hoayek, un bronze, une tête de femme sur un socle sobre ornait un coin de son salon ; une autre en bois, moitié abstraite et inachevée de El mir… et d’autres aussi…

Il avait beaucoup d’ambitions pour les artistes libanais : il les encourageait et faisait tout ce qu’il pouvait pour leur promotion. Il me disait : « il faut faire comme en France, imposer une taxe minime pour le ‘Beau’ afin d’ériger partout des monuments, et de créer des musées et de financer tout ce qui est art et culture. »

Il créa, grâce à Monsieur Edmond une maison d’édition ‘Tanit’ au nom phénicien, afin d’éditer des livres très beaux sur la peinture libanaise. Il débuta un premier volume, me choisissant comme l’artiste à éditer en prime. Et pour une première, il fallut beaucoup de contacts : l’imprimerie les planches en couleurs à sélectionner, le texte etc… la reliure, la présentation, le format etc… Et c’était lui, Boutros qui choisissait les noms des œuvres qu’il dénichait quelque fois des noms bibliques, ou de civilisations etc… Monsieur Edmond finançait le projet. Ils arrivèrent à réaliser trois volumes en peu de temps. Les livres étaient offerts. La vente de pareils ouvrages étant difficile, et ce n’était pas notre objectif…

Puis enfin voici venu le nouveau venu du troisième millénaire : l’Internet est arrivé avec l’universalisation de toutes les données. Boutros s’est immédiatement converti à ce langage, à ce moyen de communication rapide et nouveau, il en est devenu un grand connaisseur ; il documentait William, mon fils, sur tout ce qui est intéressant dans ce domaine.

Nous étions un jour à Byblos, pour l’inauguration d’une grande fondation. Il y avait un public nombreux et distingué, et l’un des Patrons de l’architecture, un gros bonnet, fier comme un paon, possédant une grande boite d’études et d’entreprises, est venu très souriant, un cigare à la main, saluer Boutros, et Boutros de lui dire : « Va-t-en, je ne veux pas te voir. Remplis d’abord tes engagements avant de t’adresser à moi ! ». Je suis alors intervenu pour dire à Boutros que ce monsieur était un professeur à l’université etc… et que.. « Mal honnête » m’a-t-il rétorqué, « je ne veux pas le voir, ni lui adresser la parole ». C’était vrai, j’ai découvert peu après que Boutros avait raison…

Que dire d’une personne qui ne sait se plier comme le roseau ; même devant un Président de la République à qui il refusa de signer une formalité douteuse, ce qui contraignit ce dernier à lui infliger des vacances forcées pour l’éloigner une courte durée du ministère et obtenir d’un autre l’entérinement signé du dossier douteux… nous savons d’autres histoires pareilles !…

Bref ! C’était un chêne de nos montagnes qui se tenait en parfaite compagnie avec le Créateur ! que de fois j’ai entendu de grands entrepreneurs se lamenter et dire : il ne sait pas profiter des occasions et il nous interdit de le faire.

Un jour, il me confia qu’il allait déménager, quitter Jal el Dib, pour être à Achrafieh près de sa sœur Aïda.

William me disait souvent, j’ai rencontré Boutros se promenant sur la plage de Byblos. Il aimait la région de Jbeil, il venait souvent visiter ce berceau de l’alphabet. Ses sœurs et frères l’aimaient jusqu’à l’adoration. Le fait que j’étais son ami, j’étais très estimé par eux et ils m’exprimaient toute leur sympathie. Louisa passait dernièrement plus de temps au Liban qu’en France afin d’être près de son frère…

Le décès de leur frère Kaïssar l’a attristé et perturbé. Une foule immense s’est rassemblée autour de lui le jour des funérailles à Bzebdine. En réalité nous savons que beaucoup de gens viennent pour la parade et la façade. Mais enfin !
Le temps passait lentement et je remarquais que la santé de Boutros se détériorait. En réalité que veut dire ‘santé’ et ‘maladie’, des termes employés en médecine. L’Organisation Mondiale de la Santé O.M.S. qualifie la santé d’ « état de bien-être total, corporel, psychique et social » auquel tout être humain a droit. Une personne peut se révéler saine et en bonne santé après un résultat d’examen et d’analyses… alors qu’une tumeur commence à se développer sans être encore détectable, pour Nietzsche : « Il n’existe pas de santé en soi ‘1882’ ». En réalité la notion de santé et de maladie est relative, et que santé et maladie ne sont pas seulement des termes qui se soutiennent l’un l’autre mais ils sont imbriqués, enchevêtrés etc… peut-être fallait-il que j’utilise un autre terme ?

Un jour, Madona, ma fille médecin qui, pratiquant à l’hôpital Rizk me dit : « Boutros est hospitalisé, je suis allée le visiter, et il te salue. »

Mes visites à l’hôpital furent quotidiennes, son état alla de mal en pire. Il changea d’hôpital, on le mit à l’Hôpital Libanais.
Là, j’avais plein d’amis, je passais le voir tous les jours et son état continuait à se détériorer sans espoir !… le calvaire s’annonçait long, les souffrances aussi. Boutros fut soumis à un tas de traitements, en vain. Il luttait pour sa survie, lui qui avait été toujours si vivant, si dynamique, si nerveux, si serviable ; lui qui n’avait jamais eu de complaisances, ni de parti pris…

Il était du côté des valeurs, de la justice, du droit, … de l’humain. Je demandais à mes amis médecins s’il n’y avait pas une probabilité, un traitement magique, une petite chance, un espoir… d’arrêter le mal, et de prolonger un peu sa vie ?… les réponses restaient toujours négatives. Je m’attendais un jour à la triste nouvelle.

Ce fut en Avril, au début du printemps de l’an 2001.

J’ai pleuré.

J’ai passé les quelques jours de deuil en permanence accompagnant les parents. Le jour des funérailles, j’étais en compagnie de Monsieur Edmond à Bzébdine, participant à la prière et aux cérémonies… ma grande surprise fut de voir peu de gens devant l’église : peut-être le quart du nombre de ceux qui étaient à l’enterrement de son frère… je disais plus haut que bien des gens sont plus soucieux de la façade…

Boutros n’est plus présent pour les observer, les remercier !

Une page de ma vie s’est ainsi tournée, et depuis mes relations avec la famille, surtout Louisa et Aïda sont restées excellentes.

Il y a des personnes qui, après leur départ, continuent d’être présentes dans les esprits, les cœurs, les souvenirs !… Boutros en est une. En lui tout explosait en qualités, valeurs, respect d’autrui, aide au prochain, service de la nation,… un vrai Libanais!

Un homme exemplaire, ses traits d’esprit, sa perspicacité, ses vues de visionnaire, sa grande culture, son amitié fidèle, le frère aimable, le croyant convaincu, en lui tout était parfait, ‘transparent’. Il attirait ses amis par son amour et son grand cœur. Son œuvre, il accomplit dans les esprits et dans les profondeurs de l’âme. Il n’a construit ni palais, ni édifices, ni établissements etc… Mais il a construit avec des convictions, une méthodologie dans les échanges, des relations mutuelles et nobles. Les briques qu’il utilisait là étaient moulées dans les sentiments, l’honnêteté, l’héroïsme, l’intelligence, le vouloir.

N’est-il pas mentionné dans le livre des proverbes 8-12 à17: Moi, la sagesse, j’ai pour demeure le discernement, et je possède la science et de la réflexion. La crainte de l’Eternel, c’est la haine du mal, l’arrogance et l’orgueil, la voie du mal, et la bouche perverse, voilà ce que je hais … »

Joseph Matar
Tous droits réservés pour tous pays
© Copyright LebanonArt