Claude Guérillot
“Ainsi parlait Jésus”
Selon le texte araméen de l’Evangile selon Matthieu
Editions Vega
Jésus parlait à Ses interlocuteurs la langue qu’ils comprenaient: l’hébreu au Temple et dans la synagogue de Capharnaüm, le latin avec Pilate, le grec à Ses visiteurs du Lundi Saint et, bien entendu, l’araméen aux foules qui vinrent L’écouter en Galilée, en Samarie et en Judée.
Ces Araméens n’étaient pas des illettrés, bien au contraire. Parler de “transmission orale” pour un “peuple du Livre”, qu’il soit Juif, Arabe ou Araméen, c’est soit faire preuve d’ignorance, soit exprimer une volonté de dénigrement. Ceux qui écoutèrent Jésus prirent note de Ses paroles sur des tablettes recouvertes de cire sur lesquelles on écrivait à l’aide d’un poinçon depuis des millénaires. Puis ils confrontèrent leurs notes et les transcrivirent en rouleaux ou en codex, les devarin à partir desquels furent traduits en grec les logoi. Les Evangiles, canoniques ou non, qui furent rédigés en grec (Marc, Luc, Thomas), le furent à partir des logoi.
Le Matthieu araméen, dont l’existence est maintenant prouvée, fut rédigé à partir des devarin. Ceux qui le composèrent se choisirent pour “patron” l’apôtre Matthieu. Or celui-ci était un publicain, c’est-à-dire un collecteur de taxes et de péages qui était assermenté. Prendre Matthieu pour “patron” revenait à certifier l’authenticité de ce qui était rapporté. Plus tard, ce Matthieu araméen fut traduit en grec et complété à partir d’éléments qui ne figuraient pas dans les devarin. C’est ainsi que fut formé notre actuel Evangile de Matthieu.
En Occident, l’hégémonie culturelle gréco-latine à longtemps occulté la racine araméenne du Christianisme. Pourtant, la richesse du patrimoine syriaque est immense… Ainsi la Peshitta, c’est-à-dire l’écriture en araméen, n’a guère été accessible qu’au début du dernier siècle. L’Evangile de Matthieu qu’elle contient provient en droite ligne du Matthieu araméen. C’est donc là qu’il faut chercher le texte authentique de certaines paroles de Jésus.
Nous proposons une traduction nouvelle du texte araméen. Nous avons soumis notre travail à l’archevêque Mor Severios Hazail Soumi, vicaire patriarcal de l’Eglise Syriaque Orthodoxe pour la Belgique et la France. Il a bien voulu juger “pertinentes” nos traductions et nous honorer d’une préface.
Le lecteur sera frappé par le caractère intemporel des paroles de Jésus et chacun peut les recevoir et les comprendre. Tout particulièrement la “Prière du Seigneur”, que nous appelons en Occident le “Notre Père”, lue dans l’authenticité du texte araméen, permet de mesurer tout ce que deux mille ans de tradition occidentale a pu dévier de son véritable sens.
Dans les remerciements…
Il faut aussi remercier ici le grand peintre du libanais Joseph Matar ainsi que son fils William et tous mes amis du Liban. J’ai souvent médite en regardant l’une ou l’autre de ses œuvres… (Son œuvre aux vives couleurs, au dessin chatoyant, peut être vue sur le site www.lebanonart.com.)