Joseph MATTAR – un peintre à la croisée des chemins par Sylvain Thomas – AlBalad, Quotidien d’informations générales (Samedi 30 Mai 2009)
Parmi les artistes libanais contemporains, Joseph Mattar est considéré à juste titre comme le peintre par excellence de la nature et du patrimoine libanais. Doté d’un tempérament romantique et visionnaire avec une certaine irascibilité, l’éminent artiste nous livre des toiles d’une grande beauté où le passé glorieux de notre pays s’étale harmonieusement devant nos yeux.
Les rochers du Liban et la majesté de nos sites historiques laissent dans l’âme de l’artiste une empreinte indélébile et, c’est précisément grâce à son imagination humaniste, lyrique, que les toiles fascinantes qu’il exposait demeurent pour le spectateur une vraie source de joie et d’allégresse. Ses couleurs dont très gaies, du vert tendre au bleu méditerranéen et au rouge chaud. Toute la richesse picturale est figée dans ses créations et ses tableaux de valeur.
Le peintre se met à l’école espagnole
En 1961, lorsque le Ministère de l’Education Nationale lui accorda une bourse de quatre ans pour Madrid à l’Académie des Beaux-arts de San Fernando, le peintre ne tarde pas à se mettre en contact avec les grands courants modernes, notamment ceux de Goya et de Ribera. Un an après, il témoigna d’une parfaite habileté technique. Il acquit un gout infaillible et une manière impeccable de présenter les tableaux. Mais plus tard, sont style et ses toiles eurent tendance à transporter le spectateur dans un monde de gaieté, d’enchantement et de poésie.
L’artiste témoigne de son libanisme
Une vingtaine de ses toiles tracent merveilleusement l’histoire de notre pays, ainsi que le charme de la montagne libanaise, avec ses rochers nus, mordus par la pluie et écrasés de soleil, ses vieilles maisons d’antan et ses innombrables arcades, il met en scène un paysage kesrouanais et suscite des formes couleur argent et cendre. Ainsi il s’avère réaliste en même temps suffisamment figuratif.
L’art sacré motive le peintre
L’Emprise de la religion sur la vie affective, intellectuelle et sociale du peintre le définit d’une façon particulière. Ainsi l’observation de l’art sacré invite le visiteur à mieux apprécier et analyser les toiles de notre artiste qui nous fournissent des thèmes purement religieux, évoquant les plus hautes valeurs de l’esprit. La beauté des tableaux sacrés ne provient pas seulement de l’émotion profondément chrétienne qui se dégage du dessin, mais surtout de la richesse de leur signification symbolique, de l’intuition créatrice de l’artiste et de son style pictural unique en son genre. Lors de son premier salon d’art sacré l’Université Saint-Joseph, à Beyrouth en 1965, nous avons remarqué que le peintre voit le monde avec les yeux d’un ecclésiastique.
Deux cordes à son arc
Ses toiles sont des poèmes d’amour; elles respirent la joie, l’optimisme et l’esthétique. Mr. Mattar disposant de deux cordes à son arc, il allie la peinture qui est son violon d’Ingres à celui de l’enseignement de cette discipline à l’Université du Saint-Esprit à Kaslik (Jounieh), à l’Université Libanaise et dans les Ecoles privées religieuses et les écoles normales. Il dispose d’une technique personnelle qui lui est propre et qui lui permet de mettre en valeur ce qu’il voit grâce à un jeu prononcé d’ombre et de lumière. Ses couleurs préférées sont le jaune, le bleu et enfin le vert mélangées de poésie et d’art veritable.
Son voyage au Brésil
En Mai 1976, Joseph Mattar se rend au Brésil où il expose. Ses œuvres représentent une étude sur les citoyens libanais, les paysages nationaux ainsi que de nombreux tableaux marins, des portraits d’individus dans un univers à riches motifs qui s’enchevêtrent fortement en un ensemble harmonieux, dont la nouveauté est aussi fascinante qu’expressive. Ses pinceaux jusqu’à ce jour n’ont pas de répit, ni également ses expositions à travers le Liban et l’étranger.
Ses expositions
Organisées d’une manière personnelle et accomplissant un pèlerinage aux sources de la spiritualité et du patrimoine exaltant, les expositions de notre artiste reflètent des tendances figuratives et paysagistes. Celles-ci ont remporté un éclatant succès auprès du grand public libanais et étranger. Sa première exposition date de 1964 à Beyrouth. De nombreuses toiles inspirées des paysans libanais et espagnols furent marquées d’une vive originalité.
En 1977, Joseph Mattar expose à la Galerie du Drap d’Or à Cannes (France) une trentaine de toiles, sous le patronage de Madame Faure.