François, Martyr Hero

Composée en souvenir de François el Hajj

Je voudrais lui chanter la chanson des Héros
Comme a fait Thuroldus, son ‘Roland à Roncevaux’,
Comme d’autres ont chanté les hauts faits de leurs chefs.
L’épopée de Gilgamesh, celle d’Achille ou celle qu’on achève
Quand on est quelque Homère en face de l’Iliade
Ou l’Arioste chantant la chrétienne ‘Jihade’
Et les chansons de gestes d’illustres chevaliers…
Et les chanter pour lui et les mettre à ses pieds.
Ces poèmes vibrant de force et d’héroïsme
Etaient des chants de guerre, d’amour et d’humanisme
Il les méritait bien ce jeune enfant des cèdres
Que l’on vient de tuer par des mains de vrais traîtres
La veille de sa victoire à Bared, toute éclatante
Digne d’Hannibal sur cette terre libanaise ensorcelante
Ce matin de Décembre encore plein de fraîcheur
Où l’automne empruntait au printemps sa douceur,
Lorsque brillaient encore les étoiles en cet Orient tranquille:
Aux lumières du ciel répondaient celles de la ville.
Un hymne de prière dans un monde de passions
Les braves gens consciencieux allaient chacun vers sa mission
Ce matin de Décembre sous la noce cosmique
Des étoiles s’unissant à la vie, spectacle féerique
En hymne de prière adressée au divin Créateur
En cet Orient de mystère, de sainteté et de splendeur
Malgré les morts que sous d’autres visages
Quelque obscur sanglier fait de la mort son message,
Souriant à la vie, à la lumière, plein d’espoir
François, qui dans sa carrière connut tant de victoires
Levé tôt, il courrait où le devoir l’appelle
Agile et jeune, et fort, vers quel front ou quelle citadelle
Comme Adonis, fougueux vers les sources d’Afca
Lorsque bondit le sanglier dans ce terrible combat…
Mais la hure aujourd’hui est une voiture piégée
Plus meurtrière encore que le sanglier enragé.
A sept heure ce matin, la machine infernale
Eclatée de puissance en cette sérénité matinale
Et ce bel Adonis, souriant à la vie, couvert de gloire,
A été foudroyé au fort de sa victoire.
Hurlements dans la nuit, ambulances, sirènes,
Parmi un champ de ruines et des morts qu’on emmène
Et les pleurs et les cris des parents, des soldats, des voisins
Et le cœur effondré de tous les citoyens.
L’enfer ouvrait ses portes de feu, de destruction
Satan semait la mort… sans distinction.
Dure fatalité en ce Liban de rêve
Où s’acharnent des monstres envieux qui en crèvent
Rage au cœur, et les larmes aux yeux, poings serrés
Chacun de demander que veulent ces assassins enivrés ?
Il était jeune, il était beau sur son char de lumière
Et l’avenir lui promettait les honneurs dans sa carrière
Plein d’idéalisme, de génie, de sacrifices
Ce militaire exemplaire n’avait rien d’artifice
Venu du Liban Sud, tout près de la Terre Sainte
Où les pas de Jésus ont laissé leurs empreintes
Il s’était consacré à l’armée avec force et droiture
Au mépris de sa vie sur les champs de bataille avec bravoure
Quarante ans de service et sur toutes les lignes
Il aura défendu le Liban d’une manière insigne
Contre des enragés, miliciens d’occupants étrangers
Qu’il aura écrasés épargnant au Liban de sanglants dangers
Dans le feu ardent des combats, il était un vrai maître
Détruisant par les armes les comploteurs et les traîtres
Nahr el Bared, devenait son second Stalingrad
Après un autre, hélas, entre chefs de son garde,
Tacticien supérieur menacé, et de ses hommes aimé
Il allait devenir le chef de notre armée.
Il est allé vers l’espace infini sur un char de lumière
Y dompter les étoiles et en faire une armée régulière
Avec ses compagnons martyrs et combattants d’élite
Sur un front de combat, d’horizons sans limite
Leur courage a brisé les obscures ténèbres
Edifié une légende de héros magnanimes et célèbres
Ils ont inscrit tout grand leurs noms au firmament
Ayant au Liban, offert leur âme en sacrement.
La nature en ces jours de Décembre s’est mise en deuil
Des couleurs du Liban aux héros, on a fait le cercueil
L’aigle des hauteurs n’est pas mort dans son lit
Géant parmi les grands, martyr de ce conflit.
Liban, pays de saints, et de chemins de croix
Sentiers fleuris, terre prestigieuse de l’élite et des rois
Où se sont succédé des crimes et des malheurs
Des actes terroristes, déflagrations, terreur,
attentats, viols, tueries, et des mares de sang
Sous la totale indifférence des nations de tous rangs
Des hordes t’ont sali et étranglé de leurs mains
Liban, pur et noble, fierté et gloire des humains
Liban que tant de fois les prophètes ont chanté
Que le Messie, la Vierge et les saints ont aimé,
Puisses-tu demeurer ‘message’ d’espérance
Au-delà de nos morts et de notre souffrance.

Joseph Matar
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