La Revue du Liban
No 3924, du 22 au 29 Novembre 2003

Les aquarelles de Joseph Matar: Une poésie pétrie de beauté

Sans délaisser la méga composition de 300m2, sur laquelle il travaille actuellement, Matar dit sa joie de donner à voir “un éternel printemps avec quelques notes de joie, de bonheur et d’espérance”, dans un ensemble d’oeuvres exprimant les diverses facettes de son identité…

L’aquarelle est un matériau qui ne supporte les compromis… On n’aura de cesse de le répéter, car il importe de défendre l’idée que l’aquarelle s’apprend comme un art semé d’embûches. Son intensité et sa plasticité résultent de la conjonction d’un moment et d’un geste justes.

Avec ce matériau, la tache d’eau est un monde intérieur, fusionnel, qui comporte une frontière coupante comme la lame d’un rasoir. Elle est, aussi, l’élément permettant d’apporter, quand on sait le maîtriser, des modulations lumineuses qui font qu’une oeuvre prend toute sa dimension picturale et permet aux rêves de son créateur à transcrire les lumières de ses “visions”. Et quelle joie d’admirer, encore une fois, ces tableaux!

Du bout de son pinceau, l’artiste capte la lumière et, par la magie de l’eau, la révèle sur le papier. En donnant toute son intensité à la tache de couleur, en jouant sur les tonalités originales et des contrastes dilués, il exprime sa vision synthétique de la nature, synonyme de poésie et de rêve.

UN ARTISTE EN QUETE DE PERFECTION.

Précision du dessin, maîtrise des pigments, suivons pas à pas cet amoureux du bel ouvrage dans sa quête de la perfection…

Et comme les pages d’un livre, nous feuilletons du regard ces paysages ambrés, ces cieux mouillés, ces espaces infinis, véritable hymne au Liban.

Jonglant avec sa palette, organisant ses paysages comme des symphonies musicales, il évoque la terre qui est sienne et parvient à la traduire sur le papier sans la trahir.

Ce Liban qu’il aime, d’où il tire ses racines, l’inspire par sa lumière, son esprit et sa puissance d’évocation.

Matar, artiste passionné par la spiritualité, traduit cette préoccupation à travers ses paysages.
Son oeuvre entraîne dans un univers aux résonances quasi-musicales, montrant la nature dans ses aspects les plus harmonieux.

Il y a dans la plupart de ses tableaux, une recherche esthétique qui permet d’accéder à un monde semblable à celui qui devait exister au premier matin de la création. Tout ici évoque la sérénité, la richesse de la terre et la vision idyllique des villages. Dans ces paysages, on ne trouve aucun être humain, même pas la femme qui hante si souvent ses huiles, comme si l’artiste ne voulait montrer que la beauté d’une nature protégée, par la baguette d’un magicien.

Voilà une poésie picturale pétrie de beauté, parfaitement travaillée et d’une vivacité sobrement maîtrisée.

En effet qui mieux que Joseph Matar sait regarder et apprécier le changement des saisons, faisant flamboyer une route forestière en automne, une campagne enivrée de couleurs, des sous-bois qui marient l’élan des troncs d’arbre avec les masses nuancées des frondaisons?
Matar a choisi, non seulement l’aisance du métier mais, la sincérité face aux motifs et, plus particulièrement, aux sites ruraux ou sylvestres où sa gestuelle fait merveille, en décryptant les trésors fugitifs livrés par la nature…

Seuls des indigents crient haro sur les éclats audacieux que dispensent l’automne et le printemps, lesquels inspirent si généreusement sa palette.

Sonia Nigolian

Un univers aux résonances quasi musicales.

Matar a choisi la sincérité face au motif.

Toute une poèsie picturale.