La Revue du Liban
No 3979, du 11 au 18 Décembre 2004
A la galerie “Surface Libre d’Art”: Joseph Matar… un avant-goût du paradis avec ce pêcheur de lumière.
Joseph Matar nous a toujours fascinés par son oeuvre poétique et mystique
Sa grande maîtrise technique lui permet de traduire en beauté, les visions les plus pures. Cet artiste, hors du commun, présente une peinture qui offre autre chose qu’un simple décor. Refusant “l’Art” devenu business superficiel, il défend le rôle originel de l’artiste: être un messager entre les mondes, les hommes, les idées, entre le spirituel et le matériel… Pour ceux qui savent déchiffrer sa symbolique, ses tableaux sont de véritables livres de vie. En découvrant ses toiles, on est saisi par cette lumière qui envahit la surface picturale de chaque tableau; sa maîtrise pour dompter les couleurs afin d’organiser ses paysages ou saisir ces groupes de personnes comme des symphonies musicales, s’efforçant avec talent d’évoquer une terre méditerranéenne qu’il parvient à traduire sur la toile, sans la trahir.
Passionné de Spiritualité
Voilà quelque temps que nous n’avions pas eu l’occasion de voir ses compositions. Sa nouvelle exposition qui se tient à la galerie “Surface Libre d’Art” est un événement notable. Voilà un artiste passionné par la spiritualité de l’Univers qui traduit cette préoccupation à travers des passages saisis dans la montagne ou, encore, en campant ses personnages à la sensibilité communicative. Son oeuvre tout en couleurs, entraîne dans un monde aux résonances quasi-musicales, montrant la vie et la nature dans leurs aspects les plus harmonieux. Il y a dans la plupart de ses tableaux, une recherche esthétique permettant d’accéder à un monde semblable à celui qui devait exister au premier matin de la création. Tout évoque le plaisir de vivre, la terre, la vision idyllique des villages. Débusquant l’invisible derrière le visible, tel un chasseur d’âmes, Matar n’est certainement pas de ceux qui se satisfont de compromissions artistiques. Il s’agit plus pour lui d’être le messager apportant la nouvelle de la transfiguration de l’Homme.
Au-delà de la simple apparence de ses sujets, il peint la vision intérieure de son modèle représentant l’humanité rayonnante de l’incarnation divine. Que dire, aussi, de la lumière qui pétrit ses surfaces picturales!
Peintre de la lumière, il a su préserver une jeunesse d’esprit qui l’a maintenu à cette “altitude de l’âme” dont parle St Exupéry, comme un oiseau libre qui survole la pérennité des choses. Ses couleurs nerveuses, multiples, grenelées, irisées, s’étirent couche après couche, sous la pression de son pinceau, se fondant au gré des passages, aux jeux et nuances de deux ou trois couleurs de base, subtilement déclinées jusqu’aux tonalités douces.
Une Oeuvre au service de la beauté
Parfois outremer, les bleus s’éclairent azur ou céruléens, à la rencontre des jaunes qui prennent l’éclat des ajoncs et coulent vers les bistres et ocres mordorés… Mais sa couleur première reste la lumière. Loin de la dictature du mental, il entraîne au coeur du sensible, là ou s’opèrent les transmutations salvatrices de l’âme. Il y a des êtres qui suivent leur chemin, tout au long d’une vie, sans changer, ne serait-ce un instant d’objectif, de ligne de conduite ou de philosophie, allant toujours plus loin dans leur propre exploration et découvrant les valeurs les plus fines dans leur domaine, chemin sans gloire extérieure. Matar est de ceux-là, toute son œuvre peinte est un commentaire sans fin, une illustration sans cesse renouvelée, une mise en lumière de ses interrogations…
Sa nouvelle exposition permet de constater que son travail s’inscrit, totalement, dans l’expression d’une parabole au langage symbolique. La galerie “Surface Libre d’Art” propose une rencontre jusqu’au 6 Janvier, avec un artiste dont l’oeuvre est à la hauteur de son inspiration, au service de la Beauté.
Sonia Nigolian
Comme une élévation
Joseph Matar, le pêcheur de lumière
L’artiste nous emmène au coeur du sensible