Le charpentier de Nazareth
Un sujet qui m’est tombé du ciel, comme la pluie. Je venais de feuilleter la Légende Dorée ; parmi ce très grand nombre de saintes et de saints, un nom, un seul nom ne se trouvait pas : celui de mon saint patron : Joseph. Je me suis dit : il faut réparer cet oubli. Je vais dresser moi-même le portrait de mon saint patron. Il m’a fallu faire une recherche pour avoir un peu de documentations avant d’aborder un tel sujet : me représenter la figure du charpentier de Nazareth !
J’ai commencé par mon voisinage. Je me suis rendu compte que durant les années 30 à 60, le nom le plus répandu au Liban était Joseph, Youssef ; vient ensuite celui d’Antoine, Georges puis Elie ou Elias ; ensuite toute une liste de Pierre, Paul, Jean, etc…
Après l’arrivée de Saint Charbel, ce dernier nom est monté en flèche dans les communautés chrétiennes et autres ; on lui faisait des vœux, il y eut des miracles… Puis la liste des noms modernes et contemporains de toutes les nationalités a augmenté et a envahi le calendrier.
Jadis, on faisait la fête de l’enfant le jour du nom de son Saint Patron. On l’a remplacé depuis par les fêtes d’anniversaires, les dates de naissances. J’y vois une tendance à l’individualisme, au paganisme… Jadis, tous les Joseph de Jounieh ou Madrid, par exemple, célébraient leur fête (leur naissance au ciel) à la même date, le même jour ; ils se partageaient le même jour les mêmes félicitations, les mêmes bonheurs, joies et prières… Avec l’anniversaire, c’est chacun pour soi ; or, on peut oublier la date de l’anniversaire, tandis que le nom d’un saint ne s’oublie pas facilement. Quant à moi, j’ai cherché dans les registres de la paroisse ; j’ai constaté que je pourrais à la rigueur fêter la date de mon baptême, ou le jour dédié à mon Saint Patron. Je vais donc vous intéresser par son histoire. Car ce grand saint a vécu une histoire que je veux raconter. Comme celle de Tobie, de Joseph vendu par ses frères, de Jacob et l’ange de sa stèle, l’histoire de Samson, celle du prophète Elie ou d’autres…
Donc, Saint Joseph est mon saint patron ; c’est la famille qui m’a confié à sa sainte garde ; sur le moment, cela ne m’a pas inspiré, mais avec le temps, j’ai pu apprécier le bienfait de ce patronyme. Saint Joseph, une des plus hautes figures de la sainteté que nous a révélé notre Père des cieux.
J’ai eu à cœur de m’en féliciter et d’en relever la valeur. On le voit facilement représenté dans des statues et des peintures d’églises portant l’Enfant-Jésus sur son bras ou travaillant dans son atelier de menuiserie, ou priant Dieu en la Sainte-Famille. Chacun lui prêtant un visage et une attitude selon l’inspiration du moment. Je vais vous offrir mon portrait de ce grand Saint.
Sainte Thérèse d’Avila a abondamment parlé de lui, regrettant que son culte ne soit pas assez répandu ; mais des congrégations religieuses de Frères comme de Sœurs ont eu à l’honneur de le proclamer leur Saint Patron, telles les Sœurs de Saint-Joseph de l’Apparition grâce à Saint François de Sales.
Le roi de France, Louis XIV l’a établi Patron de son royaume en 1684 ; le pape Pie IX Patron de l’Eglise universelle en 1870. Les saints qui l’ont honoré, qui ont dit ses louanges et qui ont appelé les chrétiens à l’aimer, sont nombreux. On cite avec joie le bienheureux Gerson, grande figure du fameux concile de Constance en 1415 qui mit fin au grand schisme d’Occident etoù il fit démissionner les trois prétendus papes… On cite aussi Saint François de Sales l’initiateur de la vraie piété au XVIIème siècle… Chez nous en Orient, Saint Jean Chrysostome, dés le VIème siècle, s’est émerveillé du choix que Dieu a fait de cet homme humble parmi les humbles, et que l’Ecriture ne qualifie que d’un mot : « Joseph, qui était un homme juste. » Mathieu 1/19.
Intéressé, intrigué, émerveillé par ces références concernant mon Saint Patron j’ai tenté de lui découvrir un visage, moi qui suis peintre. Et voilà qu’au travers de mes recherches picturales, j’ai pu admirer les efforts de mes collègues, des anciens peintres, s’appliquant à définir une attitude et un visage à cet homme qu’ils voyaient apparaître auprès de la Vierge Marie et de son enfant à Bethléem, à Nazareth et sur la route de l’exil en Egypte (Luc 2/16). Il est cité et nommé plusieurs fois dans nos Evangiles. J’ai tenu à lui composer le portrait d’un homme incarnant l’amour, la bonté, et bien d’autres qualités…Puisque c’est une histoire débutant comme débutent toutes les histoires…
Il était un homme difficile à décrire. En effet le vocabulaire, les mots, les phrases, les descriptions, qui pourraient le qualifier ne renvoient qu’une terne image de cet être exceptionnel. Sa noblesse, sa grandeur d’âme et sa sainteté… Ce n’était pas un Dieu pourtant ; il était une personne en chair et en os comme nous et cependant toute différente. De nous tous, il avait tous les attributs de l’humain, de la bonté, de l’amour, de la simplicité, et même une certaine réserve. Il était mortel comme tous les humains.
Autour de l’an zéro, ou une vingtaine d’années avant l’an un de notre ère, était un certain ouvrier de village, un charpentier, qui jouissait d’une bonne réputation, respectant les commandements et les valeurs ; il craignait Dieu, était serviable, très religieux, et n’avait jamais commis de fautes.
De taille assez haute, souple, assez fort, habile, excellent observateur, fier d’être le père d’une unique famille, de porter le petit Jésus, de protéger la Sainte Vierge- ce n’était pas l’athlète, mais assez musclé, force oblige dans ses travaux. Son front dégagé et large, l’air accueillant et un peu souriant, les yeux pleins de douceur et de profondeur. D’après les mensurations du Saint Suaire, Jésus était grand ; 180 cm- Joseph devait être un peu plus ou moins entre 170 et 180 cm- ferme, attentif, il savait écouter… Ses lèvres très ordinaires, l’expression du visage apaisante ; quelques rides autour de la bouche et sous les yeux ; une barbe et des cheveux qui dénotent quelqu’un qui s’intéresse peu aux apparences, au look. Ce n’était pas un coléreux et son regard séduisant, sa beauté impalpable reflètent sa tendresse et sa tranquillité d’âme… Une évasion dans l’éternité, un être incapable de commettre un péché, le père de famille idéal d’une famille exceptionnelle. L’ambiance qu’il créa en son foyer, sa famille, a été imitée par des centaines de générations ; sa famille unie et scellée par l’amour, la simplicité, la compréhension, le respect, la crainte de Dieu… Une famille exemplaire.
Cette famille nous a accompagnés durant toutes nos études, scolarité, activités, leçons et devoirs. Une famille dont les membres sont trois comme la trinité ; ce bon père de famille était aussi effacé, toujours le dernier, lui qui logiquement devrait être le patron, le premier ; mais que voulez-vous ? Une réalité en cette famille : le fils est supérieur au père, le père dit au fils : « Mon enfant » en lui adressant la parole. On s’intéresse peu à sa personne, on l’ignore même, il est réduit, négligé… Mais lui, Joseph, il répond par l’amour, le sourire, le grand cœur.
Il aime la nature, l’environnement, les fleurs, le soleil, les oiseaux, les nuages… et surtout Nazareth, son village ; en réalité, Joseph était l’ouvrier de tout le village, mais on lui a donné le nom de charpentier, lui qui excellait en tout…
Il était aimé et respecté parmi les siens ; il remerciait le Créateur en permanence pour la joie qu’il nous a donnée ; il aimait la lumière en cet Orient merveilleux ; son village situé non loin du Liban et qui fait suite à nos montagnes ; son métier se reflétait sur son visage ;un métier qui suppose beaucoup de calme, de délicatesse, de patience…
Sa matière première était végétale : le bois qu’il respectait et savait sagement manier et modeler avec ses outils. Il caressait le bois, le sculptait ; il était en union permanente avec la matière, il aimait profondément son métier et tout ce qu’il faisait ; il devenait ce trône de bois ! Il était de ce monde, égaré parmi les terrestres, un juste, un éducateur. Il vivait non loin du Liban, pays jadis cananéen. Dans le métier de menuiserie, il n’y avait pas de spécialité : exécuter une fenêtre, une porte, une étable, une chaise, une charpente de terrasse, une barrière… le métier était global.
Ce brave ouvrier charpentier était pur et chaste ; il était uni aux « bois » ; il avait peu d’outils : une scie, un rabot, des marteaux, pinces, tenailles ; un matériel artisanal forgé chez des maîtres réputés dans les forges de Tyr et Sidon : à l’époque, dans tout Israël, il n’y avait pas un seul forgeron ; chez ces derniers le métier de préférence était de devenir berger, chevrier, pâtre, ceux qui font paître leurs troupeaux sur les terrains de Dieu et permettait de la sorte de contempler le ciel, les astres, rêver, méditer, et pour certains prophétiser…
Dans cet environnement rural et pastoral, œuvrait notre cher charpentier. Son atelier était sa maison où vivaient sa sainte épouse et son fils le Créateur. Le fils s’amusait parfois à manipuler, ou à travailler, rassembler des planches de bois pour réaliser une chaise, une boîte, une croix… Qui a dit que les créateurs ne s’amusaient pas ? La création de l’Homme en fait n’était-elle pas un amusement ? Genèse Ch. 2 ? Ce charpentier était effacé, le premier né de sa famille royale, descendant de David ; on l’a nommé Joseph-Youssef qui dans la langue et les traditions des hébreux voulait dire : « que Dieu fasse croître les enfants ». C’est pourquoi, on trouvait dans chaque foyer un Youssef-Joseph (l’aîné d’habitude).
Ce nommé Youssef, Joseph, ce charpentier, était un artisan qui savait tout faire. Laboureur, semeur, bûcheron, pêcheur, constructeur ; il faisait son travail sous le regard permanent de Dieu qui nous voit et nous oriente.
Cet honnête artisan, rêvait et priait, il demandait à Dieu de l’aider dans sa grande, noble, et sublime tâche : éduquer, élever le Fils de l’Homme ; il pensait à la charpenterie, son métier ; il possédait le savoir-faire : assembler les châssis, les volets, tout le cadre d’une fenêtre ; cela demandait beaucoup de temps, l’exécution était totalement manuelle et dure. La technologie d’il y a plus de deux mille ans n’avait rien à voir avec la nôtre ; actuellement les travaux se font en série ; on peut en une journée réaliser le travail d’un grand, très grand chantier. Réalisée par Joseph, une porte, une tache, pouvait demander une semaine. Joseph versait toute son âme en son œuvre, comme on verse l’eau dans une jarre. Il était fier du résultat, Marie son épouse à ses côtés ; Marie la très belle fille toujours vierge et respectée par le chaste Joseph. Marie l’aidait quelquefois en son travail ; le petit aussi ; car il aimait son père terrestre qui l’éduquait.
Joseph, cet être obéissant, élevait le petit avec amour et tendresse. Les petits fréquentaient les temples ou les synagogues où on enseignait l’histoire sainte, les Ecritures. Les orateurs exposaient leurs sciences et connaissances sur les places publiques. Mais le petit de Joseph, quand il allait au temple c’était pour écouter, interroger, poser ses questions aux docteurs de la loi et ce que les docteurs eux-mêmes avaient de peine à assimiler, parfois, il les aidait à comprendre.
Imaginez ce charpentier qui assemblait des pièces de bois, des lattes, des châssis, des chevilles, tenons, chevrons, des lucarnes, des poteaux… Quelles lois lui expliquer ? Que signifiait la loi pour Joseph, lui qui aimait Dieu et le respectait ? Il ne s’attaquait jamais à autrui, lui dont le but était familial : éduquer le petit, aider Marie la Vierge épouse.
Il était une fois à Nazareth une sainte famille qui était appelée par Dieu. Cette famille, c’était celle du charpentier Joseph ; son petit jouait avec les quelques débris et restes de morceaux de bois, construisant des maisons, des chaises, des tables et surtout aidant le père ; la famille était pauvre, les richesses terrestres ne les tentaient pas, c’était une famille de cet autre monde dont parlaient souvent les prophètes. Celles dont le royaume n’était pas de ce monde. Dieu avait élu ce charpentier pour être l’éducateur de son fils et être le serviteur de Marie la Vierge. Quelle grâce le Bon Dieu lui avait accordée ! De porter l’enfant sur ses bras ! De l’aimer, le cajoler, d’être à ses côtés !
Durant toute notre scolarisation chez les Frères Maristes, toutes les pages de nos devoirs devaient commencer par J.M.J. : Jésus Marie Joseph ; on la copiait sans la comprendre ; cela dura des années, nous étions heureux d’être patronnés par ce trio.
Je le vois se réveiller de bon matin ; très tôt, l’épouse et le petit dorment encore ; il prie et remercie Dieu pour cette nouvelle journée ; il affûte ses outils, met de l’ordre dans son atelier, prépare les planches de bois dont il aura besoin pour le travail de la journée. Le travail c’est son gagne-pain, il était un ouvrier comme les autres.
C’était lui aussi qui prenait des décisions : cinq fois, il est dit : «prends l’enfant et sa mère » (Mathieu 2/13/14) il faut partir de nuit, vers où ? Il apprend qu’il y a un problème, il résout le problème. On ne peut pas aller là ? Bon, on va ailleurs (Mathieu 2/22). Il est le chef de famille et aussi il se confie à Dieu. C’est lui le responsable.
Quirinius ordonne un dénombrement : il faut aller se faire inscrire à Bethléem. Aller ! On y va (Luc 2/5). Il n’y a pas de place à l’hôtellerie et dans les auberges ? Qu’à cela ne tienne ! On va aménager un coin ailleurs (Luc 2/16). Il faut instruire cet enfant ? Allez ! On a le livre de la sagesse et celui de Sirac le sage. Conseils d’un père à son fils, à la veillée le soir… On lit ensemble les textes sacrés (Jésus dira : « vous n’avez donc pas lu… ? » ; Joseph, modèle des éducateurs (Jean 6/42) … « son père on le connaît »).
Il était une fois, à Nazareth un artisan, ouvrier compétant, honnête, calme et bon qui était charpentier, mais il réalisait tous les travaux du bourg, il exécutait, réparait, réformait, renouvelait … tout travail qu’on lui demandait, son vrai métier était menuisier ou charpentier mais ses connaissances et ses capacités étaient beaucoup plus vastes.
Un treillis en branches ou en bois pour la vigne, une barrière pour protéger les enfants d’une chute de terrasse, un escalier en bois ou en pierre pour atteindre une terrasse ou un grenier, ou descendre dans un puits ou dans un réservoir pour le réparer et nettoyer, aménager un sentier qui mène à la maison, monter une structure d’étable pour chèvres, vaches, poules, brebis… Construire des bancs, chaises, tables, lits et tout un ensemble ménager, couper des branches pour faire une meule pour faire du charbon de bois utilisé dans toutes les cuisines à l’époque à l’intérieur des maisons. Joseph était un ouvrier « poly métiers » ; il faisait tout dans le silence et aidait aussi tout son village – Nazareth, il plantait, taillait, cueillait, désherbait, aidé souvent par son petit Jésus et la Vierge Marie son épouse.
Il était un citoyen parfait, Marie était enceinte et fatiguée ; Marie assise sur l’âne et lui à pieds, ils se dirigeaient à Bethléem, à 150 km, pour répondre à l’ordre donné par les Romains pour un recensement général dans la région. C’est le bon citoyen qui exécute l’ordre donné par ses supérieurs, les occupants romains ; il est respectueux de l’ordre politico-social en place ; il y voit une attention providentielle. A Bethléem, ne trouvant aucune auberge pour passer la nuit, la sainte famille a pu trouver une grotte habitée par des bergers et un troupeau de moutons et c’est dans cette grotte que le petit Jésus est né. Il a commencé à grandir et atteindra l’âge de 33 ans, il a été bébé, enfant, adolescent, jeune homme… Toujours sous l’œil vigilent de Joseph qui savait et pressentait la grande tache, l’évènement qui attend son Fils, le Fils de l’Homme. Il savait très bien que lui, Joseph, était un père terrestre; que son devoir était de l’éduquer, de l’élever, de le protéger.
Les évangélistes citent très peu Joseph ; quant à la Vierge, elle est là depuis l’Annonciation jusqu’à l’Ascension. Joseph est sans doute décédé tôt, son grand rôle devait être limité. A Cana, la Vierge était seule – Joseph, ce mari si particulier, n’étant plus. A Cana, Marie chuchota à Jésus lui disant : « Ils n’ont plus de vin » ; et ce fut son premier miracle.
Il était une fois dans le village de Nazareth, un ouvrier bien vu et estimé, secourable, ami joyeux, réfléchi ; tout le village avait recours a lui, il aidait, on pouvait compter sur lui ; serviable, il avait des solutions à tous les problèmes, un savoir-faire et une grande habilité, bon compagnon, gai, entraînant, bon vivant, il aimait la vie et le bon vin… Sa voix, je l’imagine belle, celle d’un ténor… Dans les fêtes du village, il chantait et donnait un coup de main à la fête. Sérieux et fidèle à la synagogue, son allure ferme, rarement empressé, solide et sûr, il a bien élevé l’enfant, il savait lire, il lui lisait « Siracide ou L’Ecclésiastique » (Marc 2/25).
Il aimait les humbles, les pauvres, il aimait la nature et la pratique religieuse. En Joseph, Jésus voyait une image de son Père, il incarnait la force tranquille, la simplicité, sûr de lui, joyeux, prêt à secourir, à se sacrifier sans se plaindre…
Il était une fois une fille toute belle, la plus belle créature de toute l’humanité, une fée, une déesse qu’on ne peut vraiment décrire, sa grande beauté, sa pureté, sa simplicité, ses vertus, sa sainteté, qui fit vœux d’être toujours vierge et de servir Dieu, son Créateur. La Providence l’avait choisie pour être la mère du Fils de l’Homme, le Fils incarné. Quand l’Ange Gabriel lui annonça le choix du Père, « tu seras bénie entre toutes, et que Jésus le fruit de tes entrailles sera béni… ». Elle répondit à l’Ange Gabriel : « Que sa volonté soit faite… ». Et dès cet instant elle fut enceinte par l’Esprit de Dieu ; mais qui sera le père terrestre de l’enfant divin et céleste ? L’Ange choisit Joseph, l’ouvrier de Nazareth. Joseph comme un père respecta Marie, la toute belle et divine. L’Ange lui apparut pour lui annoncer aussi la volonté du Père, lui ôtant le moindre doute concernant Marie.
Marie était inscrite comme l’épouse de Joseph dans les registres, mais Joseph était un père de sa petite Marie. Il vivait un rêve, une autre réalité pour le service de Dieu. Sur terre, les saints seulement peuvent se comparer à Joseph : un saint Charbel, un saint Hardini, un saint François… Ceux qui sacrifièrent leur moi, leur égoïsme pour l’amour de Dieu : l’abandon total, le sacrifice, le martyre parfois pour le Père céleste, le tout Puissant.
Il était une fois, en Palestine, dans l’Empire Romain qui dominait les trois vieux continents, des Hébreux qui voyaient les choses sous un autre angle ; ils attendaient leur Messie, et se considéraient comme le peuple élu de toute la Création, les Romains ne les prenaient pas au sérieux, pour eux le Dieu suprême et tout puissant était Jupiter –Ju (Dieu), Piter (pater/père), l’héritier de Zeus chez les Grecs.
En construisant leur temple dédié à Dieu, celui d’Abraham, le gouverneur romain ordonna d’y sculpter sur le fronton l’aigle Romain et l’effigie de César. Dans cet environnement, a vu le jour un descendant de la famille royale de David, un certain ouvrier appelé le charpentier Joseph, un être pur, chaste, et à la noblesse dans l’âme, ouverture d’esprit, amour, tolérance et bonté. L’ange lui est apparu et lui a dit qu’il était le messager de Dieu, « va avec Marie la Vierge, protège-la, élève son enfant, le Fils de Dieu ». Marie était aussi une descendante de la famille royale de David. Les familles gardaient jalousement le sens et le souci de la lignée.
Une noce juive fut célébrée et la jeune vierge Marie, d’une beauté ravissante, épousa notre Joseph qui savait et avait accepté qu’elle reste toujours vierge, sachant qu’elle portait le Messie en ses entrailles. Si l’on calcule la durée d’une génération entre 20-25 ans c’est-à dire 4 à 5 générations par siècle 20 siècles ou 20 x 5 x 200 = 2000 ans depuis la génération de Jésus jusqu’à nos jours. Dans toutes les civilisations, il y a eu, ou s’est imposée, une déesse mythologique, toujours belle brillante, intelligente : chez les Grecs par exemple, c’est Athéna, née de la tête de Jupiter, Venus chez les Romains, née dans l’eau de toute beauté, Isis chez les Egyptiens pharaoniques, Astarté chez les Mésopotamiens, en Inde il n’y eut pas de déesses, les dieux sont tous masculins. Toutes ces déesses, ou femmes ont été glorifiées, vierges ou pas, mais aucune n’avait la grâce, le charme, la pureté, de Marie l’israélite ; nulle part je n’ai trouvé un Joseph ressemblant à l’époux de Marie. Les poètes en France, en Europe et ailleurs, ont magnifié à l’envie le portrait de la fille et de la jeune femme qui les a éblouis, les a fait rêver, comme ils se voient de Eve dans le texte (chapitre 2/22/25 de la Genèse) ou l’apparition de Rachelle à Jacob (Genèse 24) Rebecca, et 29 Rachelle, et tant d’autres de la Bible. A quelle admiration fait écho la vénération dans les zones d’autorité ou de guerre entoure les héroïnes (Geneviève, Jeanne d’arc, etc…) C’est au départ, l’arrivée de la fille de Tyr (Psaumes 145) ou celle du poème acrostiche du livre des Proverbes (31/10) et tout bon lecteur de nos évangiles découvrira avec sympathie le rôle en apparence discret de la vierge Marie comme les moines orientaux dans les icônes et les occidentaux dans les tableaux de peintres pieux et les statues innombrables de nos églises, et d’innombrables livres lui ont été consacrés par les poètes et les inspirés.
Dans le livre II des rois, le roi Salamon intronise sa mère Bethsabée comme reine, la mère était toujours près de son fils roi ; chez les pharaons aussi et dans beaucoup d’anciennes générations, la mère a joué un rôle de première importance.
Ce charpentier se levait avant l’aube pour préparer le travail de la journée ; ne pensait-il pas améliorer sa situation, avoir une plus belle maison, devenir plus riche, aisé ? Que pouvait-il rêver ? L’avenir pour lui c’était le petit Jésus, son avenir, son confort, son ambition étaient ceux de Jésus, ceux de toute l’humanité ; il était humble et remerciait Dieu pour sa situation.
Le saint charpentier bavardait avec Jésus et Marie et demandait leur avis en beaucoup de choses. Ils priaient souvent en famille, ils invitaient leurs voisins, ou se dirigeaient eux-mêmes à les visiter ; ils étaient aimés des voisins et bien vus, j’imagine Joseph plantant quelques lys ou roses devant leur humble maison, ou quelques légumes dans son jardin, ramassant un peu de branches sèches pour alimenter le feu de cuisson… Quel était leur nourriture jadis les pauvres gens ? Un peu de lentilles, haricots, poissons, œufs, lait et dérivés, quelques légumes et herbes… Le blé était la seule céréale connue et utilisée dans beaucoup de plats.
Ce charpentier, ouvrier du village touchait son dû des personnes chez qui il travaillait. Il pouvait recevoir des pièces qui étaient Romaines ou en échange des produits consommables : huiles, dattes, fruits, graines, pigeons, poules…De la laine ou du lin que Marie tissait pour en faire des habits. Joseph n’a pas vécu le supplice de son fils, ni sa mort ni sa Résurrection, ni les miracles nombreux de tous les jours : Cana, les aveugles qui voient, les paralytiques qui marchent, les malades guéris, etc… Où est-il ce charpentier ? Que fait-il ? Il est sûrement parmi nous tous les jours, il est présent dans nos travaux lui qui a travaillé toute sa vie, il est dans nos familles, il aide à nos unions et sème l’amour partout, il nous assiste durant notre mort… Il patronne toutes les congrégations en son nom et nous écoute comme Jésus, il est partout, à tout instant on peut le solliciter, raconter ses miracles, ses interventions dans notre quotidien nécessiteraient tout un chapitre. Où en est l’Europe et la civilisation chrétienne fascinante ? Actuellement on vend les églises, les cathédrales, les couvents, on arrache la croix, symbole du Christ pour suspendre un croissant de lune. Des vestiges, des merveilles historiques, sont soumis au vandalisme, à la destruction, sans respecter les cultes, les mythes, le sacro-saint, c’est la décadence en Europe et en Occident.
N’y aura-t-il pas une intervention divine ou bien est-ce Dieu lui-même qui a permis ces évènements afin de dire aux chrétiens ce qu’ils ne doivent pas être ? Est-ce une punition de Dieu ? Une leçon aux athées ? Une tentation de l’Eternel ? En ce temps si ingrat ! Faut-il rendre à Dieu ce qu’il lui appartient et à César son dû ?
Que peut faire ce brave charpentier qui ne s’y connaît pas dans les affaires ? A-t-il monté un atelier de menuiserie dans le Paradis ? Ou bien est-il occupé à ériger une charpente géante pour soutenir la voûte céleste sous laquelle évoluent les saints, les anges et tous les humains purs, honnêtes et aimables.
Mais non ! Il est avec Dieu qui supervise toute notre histoire et qui sait très bien où elle conduit et comment. Comme nous, il fait confiance à Celui qu’il a élevé et qui voit tous nos désordres… Celui qui a porté leurs poids un jour sur la croix. Il nous dit comment il Le découvre dans la Sainte Ecriture qu’il lisait à son Fils Jésus et celui-ci, Jésus, nous dit : « Mais vous n’avez donc pas lu ces livres saints que nous parcourions ensemble ? » (Marc 2/25).
Joseph Matar
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