A Monsieur le Maire et les Membres de son Conseil
Jbail, Byblos
15 Août 2016
Chers Messieurs,
J’ai été profondément touché par les malheurs et la terreur qui ont frappé Nice et la France. Je vous présente mes sincères condoléances, mes émotions, mes sentiments et ma tristesse.
Je suis artiste peintre, écrivain et poète. J’ai commencé mes études à l’Université de Madrid en 1961, et je les ai continuées à la Sorbonne à Paris et l’Université Libanaise, présentant mes thèses de professorat et de doctorat. J’ai plus de 48 ans d’expérience dans l’enseignement universitaire et 70 ans d’activités artistiques dans la création picturale et poétique. Pourtant les titres ne m’intéressent pas, pour moi, chaque toile, chaque poème est une thèse.
J’aime exprimer mes opinions, mes idées et ma conception des choses devant chaque événement planétaire soit en composant à travers des poèmes ou en réalisant des compositions picturales : les évènements de la guerre civile au Liban, le 11 septembre, le tsunami au Japon, l’attaque du Bataclan…
Je suis membre de l’Union des Français de l’Etranger, plusieurs sénateurs, et députés Français, de passage au Liban, ont visité mon atelier. En effet, je suis aussi Français, non par naturalisation comme aujourd’hui mais par héritage familial pour les services que mes aïeux, ont rendu à la France depuis 1860. Ernest Renan était en mission en Phénicie surtout à Byblos (c’est lui qui avait découvert le site de l’ancienne ville), et à Ghazir où il a écrit ‘La vie de Jésus’ dans un couvent des pères Jésuites. Son séjour au Liban coïncidant avec la présence d’un contingent de l’Armée Française de 6000 hommes envoyée par Napoléon III pour protéger les Chrétiens héroïques massacrés par les Druzes soudoyés par les Anglais et soutenus et aidés par les Ottomans qui ne diffèrent pas tellement des Daachistes et djihadistes d’aujourd’hui.
De mes aïeux, je suis de la cinquième génération. Nous avons reçu une recommandation écrite par Renan lui-même et disant : “Djèbel, 6 février 1861. Pendant toute la durée de la mission scientifique que j’ai remplie à Djébeil (Byblos), au nom de Sa Majesté l’Empereur Napoléons III, j’ai eu constamment à me louer de la famille d’Ayyoub Nakhlé, de ses frères et cousins. Je les recommande à tous ceux qui peuvent au nom de la France leur rendre quelque service. E. Renan, membre de l’Institut”. Ce manuscrit se trouve dans les archives de la famille. (Je vous invite à visiter mon site sur la toile ‘LebanonArt.com’ et surtout la page intitulée L’illustre famille Nakhlé de Byblos).
Mes aïeux étaient les notables et les Bey de la région de Byblos, ils ont tenu la mairie de père en fils durant plus de cent ans. Après quoi, il n’y avait plus de garçons dans la famille, ils ont émigré vers le Nouveau Monde. Mes enfants sont les derniers descendants de la famille illustre des Nakhlé. Depuis 1860, nous conservons cette précieuse nationalité et nous la léguons en héritage à nos enfants. Une nationalité ne se distribue pas comme du pain. Ne peut l’acquérir que celui qui la mérite, surtout la Française.
Par amour de la France et la langue de Molière j’ai soutenu une thèse de doctorat à l’université de Paris. Je connais bien Nice et toute la Côte d’Azur. J’ai exposé mes œuvres à Cannes il y a 40 ans et je viens souvent en France, la dernière fois il y a deux ans, j’ai passé une semaine à Mandelieu et sur la côte, j’ai été aussi à Nice.
Monsieur le maire, vous pouvez avoir une opinion autre et contraire à la mienne, je l’admets, c’est la vraie démocratie, accepter autrui, le respecter, l’aimer et non l’égorger et le tuer.
Nous vivons dans une région où à différentes époques, il y a toujours eu des sursauts de fanatisme et de radicalisme. Nous les connaissons, nous vivons avec eux depuis des lustres… Et nous savons que ce n’est pas comme cela que la France et l’Occident en arriveront à bout. L’islam ne peut pas s’intégrer, cela lui est impossible, de par son essence. Le texte du Coran lui-même est extrémiste et si le simple croyant veut le suivre il se radicalise à son insu. Malheureusement, ce n’est pas une religion mais une idéologie…
Au Liban, les Chrétiens et en particulier les Maronites, ont connu des siècles de persécutions, de terreur, de famines, massacres et menaces… par ces mêmes endoctrinés radicalisés sous d’autres appellations. Nous avons toujours lutté pour notre liberté, et notre indépendance, pour la libre expression et les droits de l’homme…
Ce massacre à Nice m’a bouleversé. J’ai vécu beaucoup d’événements sanglants depuis 1975 durant la guerre sans fin du Liban, les drames, les tueries, les déflagrations et les massacres… Imaginez que j’ai ramassé ma sœur qui n’avait pas quarante ans, déchiquetée et en morceaux dans un sac poubelle, à la suite d’une bombe d’une certaine aviation qui pilonnait dans la région. Mon ami Raymond Eddé, leader Libanais qui termina ses jours à Paris me disait: “si nous avons encore la tête sur les épaules c’est grâce à la Vierge du Liban et au bon Dieu.”
Monsieur le Maire, je continue, malgré tout, à prêcher l’amour, l’entente, la paix, le dialogue et le pardon… Pour un monde meilleur… Mais je commence à douter, sans me désespérer. Comment faut-il dompter et mater ces féroces égorgeurs? En parlant de démocratie? Sûrement pas. Il faudrait peut-être les affronter avec leur propre langage : la force.
Monsieur le maire, je vous prie de bien vouloir lire : “Nice lumière de la Méditerranée”. (aussi sur mon site web)
Je vous prie et votre respectueux conseil de croire à mon estime, ma sincérité, mon admiration et mon amour pour la France et aux hommes de bonne volonté.
Joseph Matar – Artiste peintre et poète – Tous droits réservés pour tous pays © Copyright LebanonArt
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