Automne… Hiver…
Septembre s’annonce et de toutes parts les maisons
S’activent, cueillettes et travaux en cette fin de saison
Les paysans se rassemblent sous les arbres fruitiers
D’autres ont des ailes et voltigent avec leurs paniers
Des myriades de fruits, pêches, poire, melons, pommes
S’entassaient dans l’air ; des pastèques énormes
Les sillons dans le ciel, des jardins suspendus de couleurs parés
Et l’on cueillait aussi du cosmos des étoiles dorées
Des maternités, des enfants, des groupes joyeux
Dégustent un miel des ruchers nuageux
Coin de paradis, abondance, généreuse nature
Tout est mûre en toi, formes visibles et structures
La vendange débute, les grappes en lustres se balancent
Du noir au rouge, de l’ivoire, blanc ou garance
Aucune palette ne peut en couleurs les égaler
Explosion chromatique, fête visuelle, en permanence renouvelée
Des prophètes, évadés de la Bible… archaïque
Trouvaient les meules du pressoir, et le nectar féerique
Coulait à flot remplissant des citernes à l’ombre
Pour une nouvelle existence calme des nuits sombres
Et les vierges drapées, toutes belles et sereines
Versaient l’huile dans les amphores des rois et des reines
Elément sacré, huile mystique, arbres légendaires
Précieuse graine d’olive, ta cueillette est une prière
Les premières pluies s’annoncent, des gouttelettes fruitées
Apparaissent annonçant des changements plus agités
Et moi, en cette automne, sur une géante feuille d’automne
Je m’en allais dans cette aventure peu monotone
Le crépuscule s’annonce, rouge, jaune ombrageux
Et sur mer quelques marins naviguent encore courageux
Une brume voile l’existence chaude et transparente
Laissant à la vie les grâces passionnantes
Afin d’aimer en automne ; en ce soir crépusculaire
L’amour en automne, flammes brûlantes, incendiaires
L’humain étreint la nature en ses palpitements
Aimer en automne pour Dieu, c’est le onzième commandement
L’hiver
L’hiver s’annonce par ses longues et froides nuits
Les saintes nuits entre la Nativité et l’Epiphanie
Un silence monacal, profond est parfois général
En ce calme, on entend les vents violents et turbulents du mistral
Soudain l’orage souffle et tourbillonne au loin
Emportant ustensiles, chaises, lits au ciel et dans tous les coins
Une tempête gronde et en rafales s’annonce
Les hautes vagues déferlent sur le rivage et foncent
Les sombres nuages modulent le lointain horizon
La tourmente explose en une pluie de liqueurs et de boissons
Averse de vin, ruisselant semant l’ivresse
Les flocons de neige voltigent et se perdent en vitesse
Les déesses érigent leur nouveau Panthéon occupée
Racontent aux humains leurs nostalgiques épopées
Les muses ont percé dans les âmes leur refuge
Les cœurs chauds des poètes les protègent des déluges
La nature se vide pour s’égarer dans les cœurs
Les danses s’arrêtent et les fées s’abritent des froideurs
Et Europe sur son Jupiter Taureau s’aventure
Vers d’autres horizons et d’autres parures
Les oiseaux se sont cachés dans les trous rocheux
Dans les branches des cèdres des niches soyeux
Des vitres de toute transparence s’élèvent, des miroirs
Des glaciers avancent sculptés de milles formes à voir
Et Vulcain, un marteau en sa main, fixait une toiture
Protégeant ce qui reste de braise en cette nuit obscure
Des enfants, des fillettes grelottant près d’un âtre
Dans les caves sombres s’affinent les élixirs rougeâtres
Des sapins par des lampes et des cadeaux décorés
Une file de feux, à minuit se dirige vers l’Enfant adoré
Décembre, en ces jours de fête, de fastes, de splendeur
Les éclairs incendient le ciel en hommage au Seigneur
Puis vint le mois de mars avec sa belle pleine lune
Préparant une nouvelle résurrection et une fastueuse fortune
Une égérie évadée offrant des coupes de bon vin
Car l’ivresse en hiver est bénévole et nous rend plus serein.
Je me sens soulagé les premières fleurs apparaissent
Le même cycle se renouvelle et la vie se redresse.
Joseph Matar
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