Juillet à Paris
En 1961, je vécus une curieuse aventure.
Ce fut lors d’un voyage d’études en Espagne et particulièrement à Madrid, en cette Castille montagneuse traversée par le Tage, au climat torride en été et froid l’hiver: la Vieille et la Nouvelle Castille au centre de la péninsule ibérique.
Par la force des choses, je devais m’arrêter à Paris, venant en train de Frankfort ; j’arrivai la nuit dans la capitale française. Je pus m’installer dans une Mezzanine en la rue d’ULM.
De bon matin, je fis une tournée dans les lieux tout près de ma résidence pour découvrir tout près: le Panthéon, la rue Soufflot… et prendre le Metro en direction du Louvre.
Le Louvre représentait pour moi, toute la culture de l’Europe, la Sixtine des Beaux Arts… je courus toute la journée dans ce musée, jusqu’à sa fermeture. En sortant, j’étais ivre et ému d’avoir vu tant d’œuvres admirable: l’école Flamande, les artistes de la Renaissance, les Romantiques, l’école Espagnole, les grands classiques etc… les grandes galeries de sculptures depuis l’antiquité jusqu’aux contemporains etc… Je marchai, longeant la Seine pour atteindre Boulevard Saint Michel, Saint Germain et découvrir Paris. Une journée sans fin ; malgré toute la fatigue, j’étais disposé à voir le maximum de choses possibles: musée du Jeu de Paume, où se trouvaient les impressionnistes, musée Rodin, etc… la tour Eifel, l’Arc de Triomphe, Notre Dame, la Sainte Chapelle, etc… Montmartre, …
Je ne pus visiter Versailles, Fontainebleau, Chartres etc… mais je les mis bien en tête pour un autre voyage.
Arrivé à Madrid en train par Handay-Irun, un soir pluvieux, j’allai dans la maison des Frères où j’étais recommandé. Le Frère Hermano Hilario excessivement aimable et serviable m’installa à Puerta del Sol (la porte du soleil) dans le vieux Madrid où je passai une dizaine de jours; c’était près de l’école San Fernando des Beaux Arts, non loin du ministère des affaires étrangères où j’avais des démarches à entreprendre; ce fut très facile; en deux matinées, l’inscription à l’école etc… Entre temps, le Prado tout proche était pour moi aussi important que le Louvre, surtout dans le domaine des Peintures. Ce fut mon lieu de promenade favori durant tout mon séjour à Madrid de 1961 à 64.
Le troisième jour, je me dirigeai à San Fernando où je m’étais inscrit pour suivre les cours réguliers de peintures dans toutes les disciplines exigées (modèle vivant, anatomie, histoire et culture etc…).
Arrivé à l’Ecole, dans un grand Hall où se trouvaient des étudiants, je saluai en français et me présentai: José, du Liban, je fus chaleureusement reçu et de tous ces étudiants avec qui j’entretins plus tard de très bonnes relations, même amitiés ; une fille, italienne, Carmen, lisait ; je lus le titre de l’ouvrage : El Profeta : ‘le prophète’ de Gibran Khalil Gibran, je lui dis : «Sais-tu que l’auteur est libanais, peintre, penseur, poète etc… ». Un étudiant se mêla de la conversation ; nous parlions peinture, portraits, modèles; je dis à Carmen : ‘j’espère que tu poseras un jour’ (et c’est qui advint; j’ai toujours son portrait dans mon atelier ; une peinture de 61×46) et le jeune étudiant de me dire : ‘tu pourras venir nous visiter et peindre ma sœur Valentina le jour que tu voudras’. Je fus invité chez eux ; le père était un Colonel dans l’Ejercito (l’armée) espagnol. Je veux dire qu’en un temps record, j’avais créé une amitié, un environnement humain des plus sincères. Je me sentais à Madrid comme si j’étais à Jounieh ; que rien n’avait changé dans ma vie. A Madrid, on trouve beaucoup de chambres à louer dans des maisons où l’étudiant peut vivre avec les propriétaires comme dans sa famille.
A Puerta del Sol ce fut provisoire, Hermano Hilario avait décidé de me confier à une famille fort aimable, non loin de l’Ecole dans le vieux Madrid aussi. A l’époque il y avait à peine 6 à 8 étudiants libanais universitaires à Madrid ; actuellement, ils dépassent les milliers. Ce fut la maison ‘familiale’ où j’ai été le plus aimé, choyé, mais je ne pouvais y continuer ; je téléphonai à Hermano Hilario de me trouver une autre maison car dans cette maison il y avait un chien plus grand qu’un veau et qui courait dans toute la maison et était traité comme un enfant choyé. J’ai toujours élevé un chien dans notre jardin à Jounieh, mais jamais à l’intérieur de la maison ; j’étais allergique à cette présence et ce fut enfin Alcala 151, un septième étage avec une très grande terrasse. C’était l’idéal ; je contemplais tout Madrid; je peignais à l’aise, beaucoup d’espace, et c’est là que je passai tout le reste de mon temps à Madrid. J’avais de bonnes relations avec les professeurs de l’Ecole, le Consulat etc… et entre autre avec un Libanais qui était un ancien séminariste très cultivé et communicatif.
Je m’étais inscrit aussi au ‘Circulo de Bellas artes’ ; c’est comme la grande Chaumière à Paris. Au cercle des Beaux Arts, je passais le soir de 7h à 10h c’est-à-dire après l’Ecole.
Mes journées étaient bouclées de 4h du matin, le soir je faisais un travail de nègre.
Les samedis, dimanches et jours fériés ou vacances j’étais dans les musées, surtout au Prado où je faisais des analyses étudiant, commentant les compositions et techniques des œuvres. Le dimanche matin c’était ‘le Palacio de la Musica’ ou le ciné monumental où des concerts des plus grands orchestres étaient présentés… (Je parlerai de Madrid et de l’Espagne en détail, une autre fois).
A Salamanque ou Salamanca, ville antique universitaire, baroque, riche en monuments et Plaza Mayor etc… au nord-ouest de Madrid, non loin du Portugal, résidaient et étudiaient une quinzaine de séminaristes libanais qui avaient là leur collège. Ils appartenaient à l’Ordre des Apôtres libanais qui assurent une présence dans les pays de l’émigration. J’avais de bonnes relations avec eux et plusieurs d’entre eux étaient des connaissances du Liban. Je passais de temps à autres des fins de semaine chez eux.
En été, ils avaient des Bourses du Gouvernement français pour le perfectionnement de la langue de Molière. Ils me chargeaient de m’occuper de leurs visas, à l’Ambassade française de Madrid ; ce que je faisais de tout mon cœur. Le Père supérieur ajouta mon nom à la liste des noms de séminaristes, ce qui fait que j’avais obtenu une bourse pour un mois à Paris, le mois de juillet. Je recevais et je renvoyais les lettres, et courrier, documents par les postes qui étaient parfaitement organisées en Espagne. Toute lettre postée avant onze heures arrive le même jour à destination.
On s’était donné rendez-vous début juillet au Collège Stanislas à la Rue d’Assas qui traverse presque tout Paris et c’est une des rues les plus longues. Nous devions résider plus d’un mois dans ce grand Collège, séminaire où chacun avait sa chambre et où il y avait des centaines d’autres boursiers qui venaient des pays francophones et colonies françaises. Matin, midi et soir on se rencontrait dans un grand réfectoire, toutes les facilités étaient à notre disposition, boites à lettres, téléphone (20 centimes la communication), lessive, médecins, dentistes etc… de vastes terrains plantés d’arbres se trouvaient dans l’enceinte du Collège. Le soir du premier jour nous étions comme des soldats, tous présents.
La première journée, nous nous dirigeâmes à l’Institut Catholique de Paris pour nous inscrire chacun en son niveau. Ce mois d’études, on devait le passer à l’Institut où un programme et horaire étaient bien établis. C’était programmé pour ceux qui avaient un niveau médiocre (classe de 8ème, 7ème, du primaire ou sixième, le certificat des études). Je fus inscrit dans la classe de huitième où on apprenait le b à ba du français. J’allai voir le Recteur, le père Chanoine, je lui expliquai que j’avais fait mes études chez les Frères en plus de mes années de recherches et d’Universités, que je possédais bien mon français et que j’avais accepté cette bourse du Gouvernement français pour découvrir la culture et l’art à Paris ; venir prendre de leçons d’orthographe et d’écriture, c’était du temps perdu. Voyant que je possédais bien le français, il m’avoua que les Libanais maîtrisaient le français beaucoup plus que les Parisiens et que j’avais carte blanche pour faire ce que bon me plaisait. On se lia d’une passagère amitié et compréhension. La seconde journée, ce fut le Louvre, le matin, et la grande Chaumière l’après midi et le soir pour dessiner et réaliser des centaines de croquis. La grande Chaumière est une académie de Beaux Arts où se trouvent plusieurs ateliers de peintures, de sculptures, d’art décoratifs etc… et un grand atelier libre où des modèles posent nues. La première heure, c’étaient des poses d’une heure. La seconde heure c’étaient des poses de 15 minutes et la troisième heure des poses de cinq minutes, des croquis rapides. En cette académie plusieurs grands Maîtres et artistes français avaient travaillé, dont Rodin et des peintres libanais dont Howayek, Gebran, Onsi, Gemayel etc…
Mon horaire était chargé ; pas une seconde à perdre. Profiter du précieux temps à Paris était un devoir primordial. J’avais 24 ou 25 ans, j’étais encore solide, dynamique et infatigable.
Chartres, Versailles, Fontainebleau, Reims etc… ont été visités, je voyageais la nuit, j’arrivais avant le lever du soleil.
Les coïncidences par la suite ont fait que j’avais pu assister à quatre défilés du 14 Juillet.
Au Collège Stanislas, j’ai connu beaucoup d’Africains, un père Ethiopien qui a posé pour son portrait, des jeunes de Madagascar, des Martiniquais, des étudiants des pays de l’Est etc…
Au Collège, chaque délégation donnait une soirée folklorique de son pays.
Les Séminaristes du Liban avec l’aide de l’Ambassade et certains restaurants libanais de Paris avaient réalisé une très agréable soirée très animée, des chants enregistrés de nos plus grands chanteurs et chanteuses. L’hospitalité libanaise, nos mœurs et coutumes furent mises à jour. Des extraits de théâtre, de comédies furent exécutés par les séminaristes aidés par des étudiants français. Recevoir autrui, l’hospitaliser, le nourrir… ce sont des habitudes des Libanais…
On dit l’amour du prochain équivaut à la réception, à la nourriture qu’il prend chez nous. Sans doute la cuisine libanaise est une des plus riches et des plus variées dans le monde arabe: rien qu’à déguster le nombre incomptable des ‘mezzés’ apéritifs, vous découvrez le goût de la gastronomie libanaise.
J’eus un mal de dents. J’informai le Chanoine responsable ; un coup de fil juste et j’avais un rendez-vous dans une clinique dentaire. Je n’avais consulté aucun dentiste depuis mon départ du Liban. C’était une grande clinique où plusieurs médecins pratiquaient. Je fus pris en charge par une jeune femme dans la trentaine, un médecin très capable, habile et rapide. Elle soigna la dent atteinte et supprima le mal ; elle me demanda de repasser dans les jours qui suivirent pour un check-up dentaire et soigner toutes les dents ; c’est ce que je fis. A la question de mon origine, je lui racontai que je venais du Liban; elle me répondit qu’elle avait vu le Liban de loin; qu’elle n’y avait jamais été. Etait-ce possible? «Comment, as-tu vu le Liban sans y être venue ?» Je crus que leur avion avait survolé le territoire libanais dans un trajet aérien… «Non, répondit-elle ; j’ai vu le Liban dans un voyage touristique, du nord d’Israël», donc c’est-à-dire le sud du Liban. J’imaginai que les agences touristiques amenaient les vacanciers près de la frontière et leur montraient de loin très loin le sud libanais… Deux ou trois jours après, je visitai le Louvre, j’étais très attiré par l’école Hollandaise et Flamande, Rembrandt, Vermeer, Bruguel etc… et les Antiquités Egyptiens. Comme j’étais dans la galerie des Antiquités Egyptienne et précisément devant le ‘scribe accroupi’ si vivant et beau, je vis une belle fille de mon âge, svelte, sportive, souriante et une vraie beauté qui errait dans ce grand et fabuleux musée. Elle me demanda certaines explications sur la sculpture du scribe, et voyant que c’était intéressant ce que je lui racontais, elle me demanda si elle pouvait m’accompagner dans ma visite. Nous avons passé toute la journée à contempler des chefs-d’œuvre. A midi, nous avons déjeuné dans l’espace self-service du musée. On s’était fort sympathisé, pourquoi pas, ne sommes-nous pas de la même génération ? De la même jeunesse ? De la même race humaine ? Elle m’a dit qu’elle était canadienne et qu’elle faisait du tourisme durant ses vacances, elle me proposa que le soir, on pouvait sortir ensemble.
Je suis retourné au Collège, diner avec mes collègues et vers 9h du soir, je me suis rendu au rendez-vous. Elle était là assise et m’attendait. On était dans un café trottoir. Nous avons commandé une glace, nous nous sommes raconté des histoires, des projets, qu’elle allait rentrer au Canada, Québec, pour terminer ses études universitaires, qu’elle préparait une thèse traitant la période du XIème et XIIème siècle, les Croisades au Moyen Orient, cette expédition chevaleresque des chrétiens d’Occident vers l’Orient… Je lui ai dit que je venais de lire ‘Bilan d’histoire’ de René Grousset (qu’elle acheta le lendemain), vers les 10h, nous sommes allés errer dans le quartier latin et les ruelles si pittoresques.
Elle s’appelait Marie, Myriam; elle enflamma en moi toutes les émotions de l’amour. On s’embrassa s’étreignit, s’aima. Elle remplissait mon temps les soirs et la nuit ; elle m’accompagnait à la grande Chaumière. Passait des heures à contempler le corps humain, les croquis et dessins des artistes… elle alla plus d’une fois déjeuner au Collège Stanislas avec mes amis séminaristes qui l’ont aimée et sympathisée. Marie était discrète et avait les pieds sur terre, elle n’était pas lunatique, ni rêveuse ; elle savait d’avance ce qu’elle voulait. Elle téléphonait au Québec presque tous les deux jours pour mettre sa mère au moindre détail de son existence à Paris ; elle lui raconta l’idylle née entre nous etc… j’ai vraiment aimé Marie en ce petit laps de temps, deux semaines à peine. Ce furent les plus beaux moments de ma vie passée à Paris en cette compagnie de rêve. Je lui dis qu’un jour je la présenterais à ma mère et que nous formerions un couple très homogène pour une union à vie. J’étais à l’époque très idéaliste ; en ce qui concerne l’amour et les liens, et les rapports ; il n’y avait pas cette liberté dans les mœurs, ce très grand nombre de divorces ; pour vivre ensemble, il fallait la cérémonie de mariage etc…
Un soir, Marie m’annonça qu’elle allait prendre l’avion pour le Canada, reprendre son travail et son Université, car ses vacances avaient pris fin. Elle me dit aussi que les Libanais qu’elle avait connus dans ce monde étaient tous captivants, qu’elle n’avait jamais aimé quelqu’un comme moi ; qu’elle garderait de moi les souvenirs durant toute sa vie, et aussi elle m’avoua qu’elle avait une grande admiration pour les Libanais si nombreux au Canada et du Liban qu’elle avait vu de loin…
J’ai à l’instant saisi qu’elle était israélienne ; je l’ai interrompue pour lui faire remarquer que le Liban n’avait été vu que de la frontière sud n’est-ce pas ? J’ai aimé Marie en tant qu’être merveilleuse, beaucoup de cœur, de sentiment, de noblesse… Israélite, chrétienne ou bouddhiste, rien ne changera dans mes sincères sentiments.
Marie sentait que je m’étais attaché follement à elle, elle m’avoua qu’elle aussi m’aimait follement ; mais ‘qu’elle ne pourrait jamais se marier avec moi, car « je suis israélienne et croyante, et tu sais je suis une descendante de David, tu sais que le Messie naîtra d’une femme israélienne; je ne raterai pas cette occasion même si je m’unirai à un juif que je n’aime pas’. »
Marie était comme tout le peuple juif : la Nation Etat, un Etat nation.
Einstein n’a-t-il pas, après un long mariage divorcé pour se remarier avec une cousine juive ?… et que d’autres. C’est dans leur tradition quant à leurs mœurs, les Israéliens et leur cousins germains Arabes, au fond ils se détestent… ils ont presque les mêmes mœurs et habitudes, mais les premiers sont le peuple élu, les seconds ‘la meilleurs nation’, leur nourriture, les mêmes interdictions, circoncisions, loi du Talion… l’intégrisme (que l’on voit chez des chrétiens aussi) ils sont tous les descendants d’Abraham…
Les uns ont été longtemps persécutés, les autres ont toujours été persécuteurs dans leur Jihad et guerre sainte… Leur religion repose sur une thèse se rattachant à Dieu le tout puissant; le christianisme, lui est une synthèse où l’amour, par l’intermédiaire du Fils de Dieu atteint son sommet et fait ouverture vers l’avenir par le Saint Esprit. J’ai demandé à Marie de l’accompagner jusqu’à l’aéroport ; elle refusa et se mit à chanter la chanson de Sara Montiel, l’Espagnole : ‘Quisas esta noche sera la ultima nez’, peut-être cette nuit sera la dernière … et effectivement elle aura été la dernière.
Malgré l’échange de nos coordonnées, elle n’a jamais répondu à mes lettres… c’était fini ; il ne resta qu’une arrière nostalgie… A l’époque je n’avais pas encore la nationalité française et le permis de séjour en France était de trois mois ; j’avais prolongé mes jours à Paris. Plus tard, j’ai lu que David avait comme épouse une certaine Iso-Baal, phénicienne c’est-à-dire qu’un sang phénicien circule aussi dans cette lignée de David d’où est issu le Messie…
Pour être ou devenir Dieu, il faut avoir des gènes du Liban, ce petit pays et cette grande Nation.
La séparation que j’appréhendais fut un coup terrible pour moi, j’étais un peu naïf. J’ai pleuré longuement durant plusieurs journées. J’ai informé les séminaristes qui devaient quitter pour Salamanque fin juillet, que je resterais à Paris une dizaine de jours supplémentaires.
A la fin de juillet, il fallut passer un examen de dictée, de phraséologie, lecture, analyse etc… un niveau de huitième… mon ami le Chanoine s’amusait de cet examen, il savait que le français enseigné au Liban était supérieur à l’enseignement en France et que les Libanais possèdent bien le français.
J’étais spirituellement fatigué, stressé, surmené ; je téléphonai à un ancien directeur des Frères Maristes de Jounieh que je connaissais qui était très aimable ; il était l’ami de mon père. Il me proposa de venir chez lui dans leur Collège de retraite à Varennes sur Allier… Il m’attendait à la gare ; il était vieux, avait les mêmes lunettes ; nous primes un taxi pour le Collège. Il me dit qu’il m’attendait à déjeuner, et qu’il avait envoyé un commis du Collège, pêcher des poissons dans le fleuve spécialement pour moi.
Je réalisai quelques croquis du Frère Augustin; des études de paysages au crayon, bref je passai un séjour agréable à Varennes sur Allier pour reprendre le train et me diriger vers Madrid. Pour repérer les Postes Espagnoles à l’époque, j’avais écrit mon adresse sur une enveloppe vide : Alcalà 151- 7eD. Avant de prendre le train. Je prenais de préférence les trains de nuits pour profiter des journées. J’arrivai à Madrid, avec quelques cadeaux pour les propriétaires de ma résidence ; la maîtresse de la maison me présenta tout le courrier reçu durant mon absence et une lettre de France qu’elle avait reçue… jusqu’à aujourd’hui, j’ai gardé cette enveloppe avec moi et toujours fermée.
Joseph Matar
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