Solitude
Le soir du dernier jeudi, eut lieu la mystérieuse communion
Le Seigneur s’offrant lui-même en sacrifice de Rédemption.
Ce soir-là, durant la Cène, Il instaura l’Eucharistie
« Vous ferez cela en ma mémoire », je serai présent en cette Sainte Hostie,
Lien physique avec mes amis en cette éphémère existence,
Et se Saint Sacrement traduira pour vous ma réelle présence.
Le Saint repas fini, tard dans la nuit, le Maître
Se dirige, l’âme triste, au jardin des olives suivi de ses trois pleutres
Le ‘ferme comme un roc’ Simon et les ‘fils du tonnerre’
Jacques et Jean ; ils n’avaient rien compris à ce fond de mystères
Celui de la Transfiguration et de la décision de subir la Passion.
La Rédemption de l’humanité entière s’accomplit là en divine mission.
Envahi par l’angoisse et l’agonie, Jésus priait le Père
Et sa sueur devint gouttes de sang qui tombaient sur la terre
A trois reprises Il trouve les disciples anxieux endormis
Les exhorte à veiller, à prier… C’était au cœur de l’orage loin de toute accalmie
Gethsémani fut l’heure de la plus grande solitude
Seul, en vrai homme et vrai Dieu, Seul et dans l’inquiétude
C’était la dernière heure et la grande Passion qui commence
C’était le Saint Calice, la Croix douloureuse et le début de la souffrance
Les disciples endormis, deux êtres, là veillaient : l’un à genoux, Il prie
L’autre à la tête d’une troupe, parait tout enhardi
Les 30 écus dans la ceinture, ivresse de la trahison
C’est Judas l’Iscariote à l’âme fruste et sans horizon
Deux êtres seulement veillaient, le premier à genoux en prière
Le second son âme perdue l’a devancée vers les flammes meurtrières
Seul dans cet univers, lui, le Maître de la Création
Lui qui sera avec nous jusqu’à la fin du monde et des civilisations
Seul, livré par un baiser aux soldats romains
Acte de traitresse qui humilia tous les humains
A Gethsémani j’ai laissé mon âme il y deux mille ans
Le Christ c’est hier, c’est aujourd’hui, c’est demain
Dürer s’y est repris six fois en fin de moyen âge
Quelle attitude offrir du Sauveur en sa cage
Quand ses amis dormaient exténués, démunis
Et que Judas venait l’ayant vendu, l’ayant trahi ?
« O Père, s’il se peut, disait notre Sauveur,
Que je ne boive pas ce calice d’horreur
Et cependant, ô Père, s’il le faut, je boirai
Pour sauver tous ces gens perdus, pêcheurs égarés.
Joseph Matar
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Peinture: Solitude – 97 x 130 cm – 2010, Huile sur toile