Notre Dame de Paris
Pas un coin en la chrétienté, pas un hameau, pas une ruelle
où Elle n’est présente, au Paradis, comme sur terre, réelle et virtuelle.
Parue de bleu et d’or, de tissus de lumières
Entourée de douze étoiles des plus singulières.
Notre Dame est partout en cette existence mystérieuse
Honorée, glorifiée, aimée, admirée… même silencieuse.
Notre Dame, Reine des cieux, Mère du Sauveur.
Porte du Paradis, Arche de Noé, et Cèdre de nos cœurs
Tous les pays ont une « Notre Dame », celle de Chartres, jusqu’à celle des Près.
Notre Dame du Liban, de Fatima, de Lourdes, bleutées ou diaprées
Mère de ton Dieu, Vierge Marie, Immaculée Conception
Pour son Fils, Marie est la moitié et Lui toute la Création.
Pour moi, elle est mon âme, Notre Dame est l’existence entière.
Sublime, aérienne, spirituelle, poétique, loin de l’obscure matière.
En cette Semaine Sainte, ce Lundi, telle la foudre incandescente
Tu as ébranlé nos esprits ; nos émotions ont été collectives, écrasantes
Un choc terrassant, oui, un coup sans pitié, tragique.
Les noires fumées sur les écrans… des instants historiques.
Les flammes sauvagement n’en ont rien épargné, souvenirs et nostalgie !
Le feu noir tourbillonnant, tantôt noir, ou de façades sont rougies
Notre douleur est grande. En l’ère millénaire des Cathédrales…
Nous la vivons toujours, nous en faisions notre chorale.
La Cathédrale était notre école, notre Université
Dans ses livres de pierres, nous avons trouvé notre identité,
Ses vitraux, étaient de l’Evangile et de la Bible des résumés.
Nous avions appris à lire dans ses figures… à sa culture accoutumés.
Les Cathédrales s’élevaient vers les cieux vers la Divine sagesse
Et sur terre on croit « La Sophia » une cargaison de richesse.
Cathédrale, temple de pierres paradisiaques, ses tours et sa flèche.
Assemblée d’échanges, et de science, centre humain de recherches.
L’Europe et sa civilisation y ont forgé tout leur pouvoir,|
L’épanouissement des libertés, de la justice, du savoir.
Les valeurs, les arts, les droits, la démocratie, le patriotisme,
Les sciences, les conquêtes, l’histoire, l’amour et l’humanisme.
La Cathédrale n’est pas un simple édifice de pierres, mais un corps vivant animé
Où souffle l’Esprit, circule le sang, où la respiration est estimée.
La Cathédrale, c’est tout l’Occident, le futur, toute l’humanité
C’est le salut de tous les hommes, l’Amour, la Passion méditée…
Ce lundi soir de la Semaine Sainte, une nuit de terreur
D’émotion, de tristesse, de désolation, de regrets, de peur.
Que toute l’humanité a vécu et y a intimement participé
Fidèles et croyants de toutes confessions et tous esprits émancipés.
La nuit du Jeudi Saint, la plus longue, en larmes et en souffrance
Le Sauveur, Seul, suant de sang, affrontait Satan et ses nuisances.
Le Ciel de Paris, ce Lundi versait des larmes, un ciel assombri
Triste, lourd, opaque, le ciel pleure sa cathédrale chérie.
Ce n’est pas 39 – 45, pourtant un rappel des flammes de la guerre dévorante
Fracas des structures, destruction, combustion totale et terrifiante
Ce n’est pas l’enfer, c’est pire… Mais la volonté de la France
Est ferme, puissante, pleine d’amour, de tolérance et d’espérance
Nous reconstruirons, nous érigerons Notre Dame pour la glorifier
Son édifice, son temple, son Assemblée, seront plus fortifiés.
Paris, l’illustre cité, la métropole de toute l’humanité
Ses chefs d’œuvre, musées, avenues, cathédrales, monuments
Ne furent-ils pas créés et érigés sur une zone marécageuse et âprement !
L’exécution a évolué, pas à pas, pierre par pierre, génie et patience
Les œuvres d’art voyaient le jour, l’art combiné à la science
Voilà la Grèce, la France, les Germains, l’Europe et l’Occident
Qui donnent leurs touches géniales, sacrées, loin d’être pédants
C’est le rôle humain du christianisme : donner et distribuer avec amour et fraternité
La connaissance, la culture, la joie de vivre, le futur de l’humanité…
Est-ce le hasard ? La colère de Dieu ? Ou des mains criminelles ?
Qui ont exécuté ce complot affrontant les normes, et la vie fraternelle
La Providence ? Qui sait ? Dieu est amour et s’oppose à la vengeance
Sont-ce des mains criminelles ? Le tribunal céleste est toute intransigeance
Sont-ce des mains criminelles ? Poussées par Satan, leur allié dans la haine.
Notre Dame est là, elle protège ses enfants comme la terre protège la graine.
Paris cœur de la Création, pulpe de l’Existence
Fleur unique, berceau de la culture, fleuron de connaissance
Paris tes dimensions illimitées, universelles et humaines
Tu n’as pas besoin du feu pour te purifier et te rendre plus hautaine.
Satan peut bien lancer ses hordes déchainées voulant renverser
du Christ l’Assemblée ; croyant vaincre, il s’est vu évincé.
Ses œuvres à lui sont crimes, meurtres, déflagration, terreur
Massacres, incendies, viols, il incarne le péché, l’horreur.
Destructions, décadence, égorgements, spectacles apocalyptiques.
Tuer des enfants, des innocents, de paisibles croyants ou hérétiques…
France, France, chansons de gestes, vocations, nobles chevaliers
Roncevaux, Charles Martel… pour la civilisation un immense pilier
France, héroïne à l’avant-garde, fer de lance
De l’Eglise sa fille ainée, France poussée par la vigilance…
A la vue de l’événement, je suis resté frappé de paralysie.
Je me disais : « C’est incroyable et vrai, ce n’est pas de la Poésie ! »
Un autre feu s’empara de mon âme, un feu invisible
Un feu plus brûlant que celui de l’écran, un feu paisible.
Oui, la punition est nécessaire et même obligatoire.
Les terroristes si ce sont eux, connus, les poursuivre est un sacré devoir.
Pourquoi Notre Dame, la fée, légère, la Mère du Christ, inspiratrice
Des poètes, et pour les fidèles, Marie est toujours leur protectrice
Le Christ Eternel en ce Cosmos, étendu sans limite
En continuelle expansion, Il est la pensée, l’âme inédite
Dieu ne connaît pas les limites, ni les obstructions ni les frontières
Dans son œuvre, les humains sont frères en toute matière.
L’important : ne pas haïr autrui, ni détruire ni nuire.
L’important : créer la fraternité, aimer, pardonner, luire,
Transformer l’obscurité, matière sombre, en esprit de Lumière.
Ressusciter l’inanimé et l’offrir à Dieu en prière
Le lundi de la Semaine Sainte.
Nous remettrons debout cette fleur cathédrale
Déjà de tous côtés, les dons s’annoncent en rafale
Oui, Notre Dame de Paris, reviendra haute et belle
En des habits nouveaux immortelle chapelle.
Notre Dame, témoin durant des siècles de notre existence
De nos activités, de notre foi, notre évolution, nos arts, notre compétence
A tes pieds Notre Dame ont chanté nos plus grands poètes.
Les Saints ont prié, les élus, la vocation, les fidèles, les exégètes
Le Moyen Age, la Renaissance… Nerval, Gautier, orfèvres et joailliers
Conversion de Claudel, les volontaires, des Croisades, de vrais chevaliers
Aragon, mystérieux, Charles Péguy et sa grande Sainte Geneviève.
Les croyants, nombreux, plein de piété, de vœux, de rêves
Pour Michelet Notre Dame la douce, infiniment joyeuse
La noble mère, courtoise, aimable et bénisseuse
Prévert, Notre Dame et ses lumières dorées et les quais de la Seine,|
Victor Hugo, ce géant, abondant, glorifiant de Paris la Reine
Et son œuvre du même nom où des tourbillons d’étincelles
Flammes désordonnées furieuses agitations qui ensorcellent.
Des monstres réveillés, de leur sommeil de pierre
Chauves-souris, salamandres, diables, dragons, qu’il déterre.
Que d’athées, que de penseurs, d’écrivains incrédules
Se virent frapper d’admiration émerveillés, somnambules
Devant Notre Dame, leur vraie et sincère émotion
Enveloppait leur âme, les aidants en leur action.
Violet Le Duc restaurant Notre Dame a voulu être représenté
En Saint Thomas qui ne croit qu’à ce qu’il voit et ce qui est contesté.
Absorbé par Notre Dame, cet architecte spécialiste des œuvres antiques
Fut bercé entre conviction, connaissance et passion mystique
Je vous vois, illustres, poètes, emporté la flamme par le génie créateur
Chanter la grandeur de Notre Dame, de la France, du Sauveur
Sont-ce des mains criminelles ? Est-ce un signe du destin ? Du monde en démolition
Notre Dame, tu survivras à tout, après l’outrage, déjà se reprend sa reconstruction
Je n’ose plus rien dire, ni plus rien exprimer, je n’ai plus d’opinion.
Je m’agenouille devant toi, je te salue Vierge avec ferveur et passion.
Les pompiers ont lutté pour empêcher du brasier les flammes
De s’étendre. Il faut sauver la sacrée couronne d’épines de ce drame
Leur Chef, à l’assaut, ils se relayaient, courageux, héroïques
Le vent en ce piège mortel accélérait le feu contre cet art gothique.
Les flammes progressaient vite, réduisant tout en cendre, sur leur passage
On espérait sauver la flèche, hélas elle fut consommée en ce ravage.
Les pompiers y ont risqué leur vie, situation critique, leur mission était claire
Sauver Notre Dame ; et Notre Dame nous sauve et nous éclaire.
Tard dans la nuit les flammes furent maitrisées et la foule toujours rassemblée
Pleurant, priant, émue, leur chagrin avec l’aube fut redoublé.
La ville lumière en état d’alerte se voyait dépassée,
L’ampleur des dégâts, vision apocalyptique, la France embarrassé
L’événement est grand, la blessure profonde, une calamité
Paris c’est Notre Dame, c’est l’infini, c’est l’éternité…
Joseph Matar