5 Février 2006, Dimanche noir: Drame en trois actes…

Drame en trois actes – Unité de temps de lieu, d’action.

Le temps
C’était un dimanche, jour de repos et de prière
Le dimanche d’un février printanier, éclatant de lumière
Dans les églises, les temples… nous attendait le Seigneur
Les fidèles venaient prier, … communier avec ferveur
Toutes les portes de nos sanctuaires étaient ouvertes
Aussi celles des âmes, pleines d’amour par la grâce couvertes
Quel beau temps, le ciel bleu… tout était lumineux
Et la nature était en fête, … tout était harmonieux

Le lieu
Nous étions à Beyrouth promontoire et colline
Au nom de ‘Achrafieh’ la plus noble, la capitale, l’héroïne
Résidence des rois, depuis les Phéniciens, les Romains,
Promontoire en avant des monts sur la côte et port de nos marins
Achrafieh, terre des princes, de culte, de saints
Fier joyau, perle de la côte, citadelle de nos fantassins
Achrafieh, symbole de notre gloire, de notre puissance
Muraille imprenable, roc d’acier, front de résistance
Les armées… d’un pays se disant notre sœur
Etaient venues l’attaquer, et la plonger dans le malheur
Du haut des monts avaient lancé obus et feu et haine
Mais ce n’avait été qu’égratignures à la fierté hautaine
Même de part d’un pays frère, bien triste parenté
Ils se disent frères et sœurs et s’entretuent avec cruauté.
Depuis, Achrafieh avec la paix avait repris son visage
Développement, culture, prière… pour l’humanisme de tout usage

L’acte, le fait
Jusqu’au jour où un caricaturiste inconnu et lointain
Eut gribouillé des croquis, des images, des dessins
Sans notre connaissance, ni notre approbation.
Nous sommes opposés à toute atteinte à la foi, la tradition.
Or c’était un dimanche, jour de repos, de prière, du Seigneur
Les gens étaient sortis pour respirer la lumière, le bonheur
On vit pointer des hordes de barbares de toutes les régions
Et criaient Allah, invoquant Dieu, la religion,
Des rubans sur leur front, des haches, pelles, couteaux
Des lanceurs de pierres, des casseurs, des pics, des marteaux
Leurs têtes aux expressions sauvages aux traits féroces
De quel enfer étaient-elles échappées toutes ces figures atroces,
Dans leurs yeux se lisait de l’âme le vide désertique,
En vain repoussés par leurs honnêtes clergés, mais débordés
Par des vagues d’assaillants qui de l’amour n’ont rien gardé
Nous connaissons l’histoire de tout intégrisme à travers les âges
Expressions sans pitié, étrangleurs, tueurs qui saccagent
Sur le plateau si beau d’Achrafieh… autel millénaire
Les feux, les flammes éclataient par leurs mains incendiaires
Eglises saccagées, couvents, immeubles… maisons
Voitures brûlées, cassées, pour la destruction ils avaient cargaison
Arbres, poteaux, téléphones, … et tout ce qui est civilisation
Fumée noire intense,… puissante fut la pollution
Elle cacha le soleil… ils continuèrent leur crime à l’ombre
Et les vols au pluriel, les dégâts dépassant les nombres…
Les partisans d’Ali par ordre de leur chef étaient absents
Conscients de la responsabilité et préférant être au Sud présents.
Immeubles dynamités, portes enfoncées, fenêtres, maisons,
Ils se sont déchaînés contre tout, existence, art, raison…
Achrafieh fut saccagé et endeuillé sous le malheur
Une blessure profonde l’a frappée en plein cœur.
La co-existence commence par le respect du voisin:
Nous sommes sur cette terre des amis, des frères, des cousins…
Le consulat danois…, l’objet de leur délire
Fut, lui, sauvé et préservé et cela fait frémir !
Voilà! C’est là la vraie caricature.
Pour ceux qui pour siéger au paradis, présentent leur candidature.
Il a dû sûrement ricaner le Danois en voyant que son message,
Ce gribouillis sur une feuille de papier sans usage
A des milliers de kilomètres de son pays sur un autre continent,
A fait de tels dégâts sur des innocents du Liban.
Notre vie en devient ridicule quand on se sert de Dieu et du monothéisme
Et chacun l’approprie pour soi, infantile égoïsme.
Alors qu’il faudrait Le connaître et L’aimer, et que l’amour
Se généralise, se mondialise et devienne discours.

Nuit de jeudi 1-2 Juin 2006

Pile ou face ?… lequel choisir
Ils sont pareils quand par l’intégrisme ils se font saisir
Une plaque mise au feu toute brûlante
Des deux côtés la rouge flamme est virulente
On ne sait comment manœuvrer et que dire
La raison manque. Au dialogue il faut revenir
L’esprit du Jihad est du passé, du moyen âge
Abordant l’actualité avec plus du courage
Le droit, la démocratie, la liberté… l’expression
S’imposent globalement sans aucune restriction
Est-on religieux ? Politicien ? Chef de tribu, autoritaire
Soyons francs, ne confondons pas les rôles utilitaires
La religion c’est très beau, mais affaire individuelle
Je refuse qu’on y porte atteinte aux mythes rituels
Mais que l’un ou l’autre voulant pour l’histoire
Prendre une position convaincante ou illusoire
Chacun devra assumer ; responsabilité, jugement, critique
Ce sont les règles du jeux en toute politique
Partisans d’Ali, mes chers concitoyens, voyons
Rien ne sert de brûler des pneus ou lancer des slogans
De nuire à autrui, votre frère en cette sacré terre
Unique lieu en cet Orient qui, malgré toutes les guerres…
Valeurs, liberté… droit à toutes expressions
Ne cessent de se manifester librement, ici, en Orient
Depuis plus de 6000 ans de génie au service de la civilisation
Prenons de la ‘Montagne inspirée’ une citation
«Si je rappelle aux miens nos aïeux Phéniciens,
C’est qu’ils n’étaient alors, au fronton de l’histoire,
Avant de devenir musulmans ou chrétiens,
Qu’un même peuple uni dans une même gloire ;
Et qu’en évoluant, nous devrions au moins,
Par le fait d’une foi d’autant plus méritoire,
Nous aimer comme aux Temps où nous étions païens !»

Joseph Matar
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