Composition d’Anémones

Tu es là à me défier, pourquoi? Tu es si agressive et chatoyante à la fois… étalant ton charme sans crainte. On ne peut te violer. Les mains saintes et pures, seules peuvent t’aborder et pétrir tes substances de lumière. Ces matières qui se métamorphosent en lumière en traversant les âmes… matières et lumières mélangées les unes sur ta surface les autres en mon cœur.

Toute la représentation picturale, toutes les expressions, la créativité transitent sur ta surface vivante et coulent en mélodie, chant, poème, amertume et bonheur.

Je te contemple, j’observe la répartition des pigments sur tes bords…

J’ai appris à répartir ces substances en commençant par les jaunes, les rouges, et enfin les bleues, en gardant les blancs et les noirs aux deux extrémités de l’échelle chromatique. D’autres ont opté pour une autre répartition, couleurs chaudes d’un côté froides de l’autre. Tu es toute vie, toute lumière, je sens la chaleur de ton existence, la circulation qui t’anime, tu respires, tu parles, tu es ce printemps fleuris où l’on trouve des fleurs de toutes les couleurs : l’amandier rose, les grenadiers, l’olivier… les sols arides ou verdoyants, l’éther vaporeux et lointain, l’eau, les cascades et les reflets. Tu es ce firmament où l’on cueille les astres, cette allégorie où les muses se mêlent aux fées, où les dieux de l’Olympe siègent l’un patronnant les beaux arts, l’autre la guerre ou les sciences… Tu es Suzanne au bain, les Pèlerins d’Emmaüs, les Femmes d’Alger… Que de chefs d’œuvres existent… et tous ont passé par toi. La grande muette, l’obéissante, tu supportes, tu comprends, tu ne contestes ni parlementes… tu es ce Sphinx qui observe et médite.

Eddé ce 14/09/05